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amenait à Paris un troupeau d’yaks : le bœuf à longue toison, domestique chez les habitans des montagnes de l’Himalaya, alors à peine connu en Europe. Du croisement des yaks mâles avec les vaches de notre espèce bovine, on a eu d’assez nombreux produits. Ces animaux parurent d’abord aussi féconds que des individus de race pure, mais les individus qui naquirent des hybrides se montrèrent généralement stériles. Des zoologistes n’avaient pas regardé comme inadmissible que notre bœuf sortît de la même souche que l’yak ; le résultat des expériences semble décisif en faveur de l’opinion contraire, adoptée du reste par presque tous les auteurs. En Asie, on voit, paraît-il, assez communément des hybrides de l’yak et du zébu ; connus dans l’Inde sous le nom de dzos, ces bœufs, unis à un individu de l’une ou l’autre espèce, ne sont pas, assure-t-on, de très mauvais reproducteurs ; on n’imagine pas néanmoins qu’un troupeau de dzos soit capable de propagation. Le croisement du bélier et de la chèvre, du bouc et de la brebis, est signalé comme assez ordinaire. Les Romains ont parlé des produits de ces deux sortes de ruminans. Buffon a obtenu des hybrides du bouc et de la brebis ; néanmoins l’expérience souvent répétée en Europe n’a pas eu le moindre succès. Au Chili et au Pérou, réputés faciles, les croisemens des deux espèces seraient d’une pratique habituelle, les peaux des hybrides étant estimées pour certains usages. On ne cite aucun cas de fécondité des produits soit du bouc et de la brebis, soit du bélier et de la chèvre.

Il y a juste un siècle, un expérimentateur italien, Amoretti, annonçait la reproduction du lapin mâle et de la femelle du lièvre, la hase. On resta fort incrédule ; de nombreuses tentatives de rapprochement entre le lapin et la hase, entre le lièvre et la lapine, faites par des personnes très familiarisées avec les mœurs de ces animaux, n’avaient pas réussi. Depuis quelques années cependant, on affirme que l’union du lièvre mâle et du lapin femelle est non-seulement possible, mais féconde. Les produits, désignés sous le nom de léporides, présentant un mélange des caractères du père et de la mère, avec quelque prédominance de ceux du lapin, conserveraient la faculté d’engendrer. À la seconde génération, les signes caractéristiques du lièvre seraient déjà très effacés ; à la troisième génération, on en chercherait vainement la trace, — les léporides ne se distingueraient plus des lapins ordinaires. Les zoologistes n’ont pas eu l’occasion d’étudier les léporides ; c’est avec réserve que nous rappelons les faits consignés par les observateurs[1]. En tout état de cause, ces faits ont une importance considérable

  1. M. Gayot, de la Société centrale d’agriculture, s’est particulièrement occupé des léporides.