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des plantes herbacées, et au sein des eaux des colonies de ces bizarres rhizocaulées[1] aux tiges dressées et multipliées, soutenues par des myriades de radicelles descendant de tous côtés et se frayant un passage à travers les feuilles. Un peu plus loin, il faut placer des forêts composées surtout d’acacias au feuillage grêle et menu, de diospyros, de juglandées tropicales[2], d’allantes, de magnolias, de lauriers… » L’harmonie entre les plantes et les mammifères que l’on observe dans certaines régions du monde actuel est aussi un trait de la nature à l’époque qui nous occupe ; « seulement, dit avec raison M. de Saporta, tandis que les identités génériques ne sont pas rares dans la flore des gypses d’Aix, où les types éteints sont moins nombreux que les autres, la proportion est inverse pour les mammifères. Parmi ces animaux, les carnassiers n’étaient pas abondans[3] ; il y avait des chauves-souris qui poursuivaient les mouches et les papillons nocturnes, des écureuils et des loirs, beaucoup de pachydermes : les uns, ayant une ressemblance avec les tapirs, fréquentaient les bords des lacs et les marécages[4], les autres se tenaient dans les eaux à la manière des hippopotames[5] ; quelques-uns se plaisaient sur les rochers et dans les taillis[6]. Sur les rivages se montraient des palmipèdes, des échassiers, dans la forêt de petits oiseaux ; dans les eaux habitaient une sorte de perche et une quantité de lébias[7]. Les insectes fourmillaient certainement sur les bords comme au milieu de la belle végétation ; les empreintes recueillies l’attestent. Il y avait des coléoptères carnassiers et des staphylins que volontiers on confondrait avec des espèces de l’époque actuelle, de petits bousiers, une multitude de charançons, les uns vivant aux dépens d’une massette[8], les autres rongeant des graines ou mangeant le feuillage des arbres ; beaucoup d’entre eux ressemblent à des espèces de l’Europe centrale, quelques-unes se rattachent à des types aujourd’hui particuliers à l’Afrique ou à l’Amérique ; les chrysomèles étaient abondantes. Les gypses d’Aix fournissent des empreintes de perce-oreilles et de taupes-grillons, de libellules, de punaises de bois et de cicadelles, tous insectes représentés dans notre faune actuelle. Les papillons ont laissé des vestiges ; il y a des formes européennes et des formes asiatiques.

  1. Plantes de la famille des légumineuses-papilionacées qui végètent aujourd’hui dans les Antilles.
  2. Arbres dont le noyer peut être considéré comme le type.
  3. Ils appartiennent aux genres Hyœnodon et Cynodon.
  4. Les Palœotherium et les Paloplotherium.
  5. Les Anoplotherium.
  6. Les Aphelotherium et les Xiphodon.
  7. Petits poissons de la famille des cyprins.
  8. Tipha latifolia.