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service de la dette consolidée, avec une dette flottante qui n’est pas encore près de s’éteindre, si les dépenses laissent toujours un déficit annuel sur les recettes.

Réforme radicale de l’administration, de la législation, de la propriété, c’est là, de même que le contrôle dans la perception des impôts et dans l’ordonnancement des dépenses, le seul moyen, — en laissant bien entendu de côté les procédés sommaires des exactions et des emprunts forcés, — pour sortir des embarras actuels, maintenant que le temps des emprunts partiels est passé et que les gouvernemens orientaux prennent le parti de s’adresser au public après n’avoir eu d’abord recours qu’aux syndicats.


III.

Le mot de syndicat actuellement usité dans le langage financier est loin de représenter les opérations par lesquelles se règlent les litiges d’un commerçant malheureux vis-à-vis de ses créanciers ; c’est une association de capitalistes faite en vue d’une entreprise particulière analogue à celle qui réunit pour des desséchemens ou des prises d’eau des propriétaires voisins. Le but des syndicats financiers est ordinairement l’écoulement de titres achetés à un état, à une province, à une ville. Distribués peu à peu ou brusquement écoulés, ces titres sont, comme on l’espère, avidement recherchés par le public, tenu quelque temps en suspens et jaloux de participer aux bénéfices des premiers preneurs. Le succès des syndicats tient donc à la valeur intrinsèque des titres, aux avantages qu’ils procurent, à la notoriété des hommes ou des établissemens réunis, et aussi aux circonstances générales qui règlent les transactions sur les marchés des fonds publics. C’est à ce point de vue surtout qu’il convient de consulter les habitudes, les mœurs financières des pays où l’on veut naturaliser de nouvelles valeurs ou en émettre qui sont déjà connues.

Il n’y a pas longtemps qu’en France les valeurs étrangères ont été spécialement recherchées par l’épargne. Avant la négociation active des titres de nos chemins de fer, qui remonte à une trentaine d’années, les maisons de banque seules s’occupaient de la souscription des titres d’états étrangers, espagnols, napolitains, autrichiens, etc. L’entreprise de nos grandes lignes leur a ensuite ouvert une voie d’associations fécondes, et de grandes fortunes se sont élevées par des participations en commun à la concession, à la construction, à l’exploitation des chemins de fer. L’ère brillante de ces entreprises une fois passée, les établissemens de crédit qui s’étaient fondés pour en répandre le bienfait en France et à l’étranger, les hautes notabilités de la banque qui avaient tenu à honneur d’y attacher