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des notions que nous pouvons avoir sur la musique que la tâche serait trop difficile.

Puisque nous en sommes aux représentations théâtrales, pour n’y plus revenir, disons tout de suite que les Birmans ont un autre genre de spectacle. Sur une scène élevée à un mètre de terre environ, et n’ayant que 50 centimètres de profondeur sur environ 20 mètres de longueur, ils font manœuvrer de la façon la plus habile des marionnettes qui ont environ 30 centimètres de haut, et cela à l’aide de ficelles sortant par le haut de la scène et que l’on voit à peine. Un fil différent correspond à chaque articulation de chaque marionnette, chacune d’elles a peut-être dix fils correspondant aux dix doigts d’un homme placé derrière la toile. La représentation commence, et on jurerait que ce sont ces petits personnages qui parlent, tant leurs mouvemens sont naturels ; les pieds, les jambes, les bras, la tête, le corps, tout cela se meut facilement et naturellement. Ils s’assoient, se couchent, marchent, s’animent, à faire rêver le Guignol des Champs-Elysées.

De Meuhla, le vapeur était reparti le lendemain matin, s’arrêtant aux principales stations sur la rivière, où chaque fois nous trouvions le gouverneur du district, nous attendant et nous souhaitant la bienvenue.

L’une de ces stations, située sur la rive gauche, porte le nom de Yenangyoung ; c’est près de là que sont les mines ou puits de pétrole. Les envoyés français trouvèrent sur le bord de la rivière bon nombre de poneys pour les porter sur le terrain de l’exploitation. La selle est une sorte de coussin double dont chaque moitié repose sur les reins de l’animal de chaque côté de l’épine dorsale, les reins seuls sont couverts, les flancs sont à nu ; de chaque côté de ce rudiment de selle, recouvert en drap rouge ou vert, pendent deux petites cordes portant chacune un petit anneau en guise d’étrier. Malheureusement ce genre d’étrivières n’est pas susceptible de s’allonger ; à quoi d’ailleurs serviraient ces étriers dans lesquels un pied d’enfant pourrait à peine entrer ? Nous dûmes prendre notre parti et les laisser battre contre nos mollets sans songer à nous en servir. Quant aux naturels du pays, vêtus d’une veste blanche en coton très léger, et d’une pièce d’étoffe retroussée à la façon d’un caleçon de bain, ils se tenaient à cheval, les genoux à hauteur du dos de l’animal, et l’orteil seul passé dans l’étrier.

À une distance de 5 kilomètres environ de notre point de départ se trouvent les puits, dans un pays dénudé et triste. Ils étaient au nombre de cent environ, il y a vingt ans, lorsque le colonel Yule se rendit à la cour d’Ava ; on en compte aujourd’hui trois cents. La profondeur varie de 30 à 90 mètres. L’air que l’on respire au fond