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de sceaux d’origines diverses, il faut nécessairement adopter un classement méthodique et rigoureux. Les principes de cette classification sont tout naturellement fournis par la condition et le caractère de ceux dont les sceaux portent la légende et la marque. Une première division, conforme à la distinction si tranchée qui existait au moyen âge entre l’ordre civil et l’ordre religieux, nous est fournie par les sceaux laïques et par les sceaux ecclésiastiques. Entre les premiers, on considère comme formant autant de séries distinctes les sceaux royaux, les sceaux des grands dignitaires, ceux des grands feudataires, des seigneurs, des bourgeois et hommes de fief, des paysans, des cours et tribunaux, des villes, etc. Dans la seconde catégorie se placent, outre les sceaux des papes et des cardinaux, ceux des archevêques et évêques, des chapitres, des paroisses, des universités, des abbayes.

Les sceaux ne varient pas seulement de types, ils varient encore de formes et de dimensions. Entre les formes qu’ils affectent, il en est deux principales, la ronde et l’ogivale ; puis viennent les formes accessoires, l’ovale, le triangle, le losange, le polygone, la forme en étoile, en trèfle, en poire, etc. Tous les sceaux mérovingiens sont ronds, forme abandonnée sous les Carlovingiens et reprise par les Capétiens, à l’exception du roi Robert dont le sceau est ogival. Cette forme ronde ne tarda pas à être généralement adoptée, comme on le voit, par les sceaux des papes, des grands feudataires, des chevaliers, des villes ; mais à partir du XIIe siècle les cardinaux, les évêques, les monastères, préférèrent la forme ogivale, et c’est seulement au XVIe que les sceaux ecclésiastiques passent à la forme ovale. La configuration ogivale prévalut pour les sceaux de femme figurée debout, tandis qu’on gardait la forme ronde, si la femme était représentée à cheval. Suivant la remarque de M. G. Demay, auquel j’emprunte ces détails, plus l’ogive que dessine le sceau est surbaissée, plus ce sceau est de date reculée. À mesure qu’on descend le cours des âges, l’ogive tend à s’effiler. Les contre-sceaux offrent la même diversité de formes que les sceaux, mais la configuration n’en coïncide pas toujours avec celle du sceau auquel ils sont appliqués. En Orient, la forme des sceaux diffère pareillement selon les pays et le caractère de celui qui les emploie. Le sceau du grand-vizir en Turquie est habituellement de figure ovale. En Perse, les fonctionnaires ont des cachets de formes différentes selon le genre d’affaires qu’ils expédient. Les dimensions des sceaux varient d’une époque à l’autre. Le diamètre alla généralement en augmentant. Celui des sceaux mérovingiens n’excède pas 0m, 03, tandis que le sceau de Henri II atteint la longueur de 0m, 115. Les sceaux des rois d’Angleterre dépassent en dimensions ceux de nos rois, et l’on voit le sceau de la reine Anne arriver à 0m, 177. Les contre-sceaux