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de Périgueux, de Pamiers, de Castelsarrasin, etc., tous figurés sur des sceaux, ne sont ni moins intéressans ni moins instructifs par leur disposition architecturale. Dans presque toutes ces représentations, le donjon joue le rôle principal, comme on le voit sur le curieux sceau de Delft en Hollande, où le graveur n’a pas oublié d’indiquer le canal caractéristique des villes néerlandaises. Le plus célèbre de tous ces châteaux est assurément celui de Vincennes, qui se montre sur un sceau de 1406 à côté de la sainte-chapelle que Charles V avait fait construire. La place a manqué pour figurer la forêt, mais elle est symbolisée par deux arbres. Bien d’autres édifices ont fourni des types aux sceaux. Les villes aimaient à y représenter leurs plus célèbres monumens. Sur un sceau d’Ypres, se voit son magnifique beffroi. Sur un sceau de Nîmes daté de 1303, ce sont les arènes, dont on distingue quatre arcades, sous chacune desquelles est un cavalier armé de toute pièce. Les templiers mettaient sur leur sceau l’image de la mosquée d’Omar, qui passe pour avoir pris la place du temple de Salomon ; mais de tous ces édifices représentés sur les sceaux, il n’en est pas de plus ordinaire que les églises. Nous retrouvons avec intérêt sur les empreintes quelques-unes de celles que nous admirons encore, comme la cathédrale de Burgos, dont la façade est figurée sur un sceau de 1492, Saint-Trophime d’Arles, dont un sceau du chapitre de cette ville de 1214 nous offre la partie antérieure, ou encore l’église de Saint-Sernin de Toulouse gravée sur des sceaux du XIIIe et du XIVe siècle avec le château narbonnais ; mais ce qui nous importe davantage, c’est de rencontrer sur les monumens sigillographiques des vues d’églises qui ont disparu. Ces représentations ont en quelque sorte sauvé de la destruction nombre d’entre elles. Ainsi un sceau de 1269 nous donne la façade de l’abbaye de Saint-Amand en Pévèle (Nord) avec son clocher et ses deux tourelles. C’est l’église qui avait précédé celle qui fut construite au XVIe siècle, laquelle est elle-même actuellement en ruines. Nous connaissons plusieurs sceaux de l’officialité de Reims. L’un d’eux, qui est de 1244, nous offre une petite église à trois clochers pointus, où il est impossible de reconnaître la cathédrale actuelle qui, à cette date, venait d’être achevée. Il y a donc tout lieu de croire que nous avons là l’image de la cathédrale primitive. En effet, les monumens que nous représentent les sceaux ne sont pas toujours d’une construction contemporaine des sceaux eux-mêmes. Plusieurs églises de style roman se voient sur des sceaux du XIVe siècle, c’est-à-dire à une date où ce style était abandonné ; mais la comparaison des sceaux représentant. des églises permet aussi de fixer l’époque de la construction de quelques-unes ; de même qu’en comparant la vue d’une même ville fournie par des sceaux d’époques différentes,