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grande qu’il y avait lieu de le craindre, et la comparaison montre clairement que les formes traditionnelles ne se sont guère perpétuées que pour les représentations purement symboliques. C’est dans cette classe qu’il faut généralement placer les images de plantes et d’animaux qu’on rencontre en grand nombre sur les sceaux. On n’y doit point chercher une représentation rigoureuse et fidèle, bien que plusieurs des animaux qui figurent dans les scènes de chasse ou isolément, tels que l’ours, le loup, le cerf, les oiseaux de proie, même plusieurs des arbres dessinés sur le sceau, soient souvent pleins de naturel et de vérité, et n’affectent pas, comme sur l’écu, des formes purement conventionnelles. Aussi, quant au XVIe siècle le sceau ne représente plus guère que des armoiries, la sigillographie perd une grande partie de son importance, mais elle la garde tout entière, elle l’accroît même pour le blason. L’art héraldique n’est pas, ainsi que bien des gens seraient tentés de le croire, d’une étude désormais inutile ; ce n’est point un art qui a perdu toute valeur, comme la fauconnerie, le tir de l’arbalète ou la composition des thèmes astrologiques, pouvant servir tout au plus de passe-temps à l’orgueil de caste qui va chercher des alimens dans le passé. La connaissance du blason est un auxiliaire indispensable de l’histoire des familles nobles, des maisons princières, liée elle-même à l’histoire politique ; elle fournit les moyens de dater des monumens dont on ignorerait autrement l’époque et d’en préciser la provenance ; elle permet de reconnaître les filiations par ce qu’on appelle les brisures, les alliances par ce qu’on nomme les partitions, les mariages lorsqu’elle constate sur le sceau de la femme la présence, près des armoiries de celle-ci, des armoiries de son mari, fait qui s’observe fréquemment à la fin du XIIIe siècle. Ainsi, alors même que les sceaux ne nous présentent plus que des écus blasonnés, ils nous instruisent encore à un haut degré pour une foule de circonstances dont l’histoire tire profit.


III.

Au XVIe et au XVIIe siècle, l’emploi des sceaux se perd, la sigillographie est en décadence, les monumens empreints sur la cire ou sur le métal deviennent de moins en moins communs. On dirait qu’ils s’en vont avec le monde féodal. L’imprimerie leur a porté un coup de mort. La nouvelle législation sur les actes a enlevé à leur témoignage une grande partie de son importance. Non-seulement les sujets figurés n’ont plus autant d’intérêt et de variété, mais l’art même de les exécuter a faibli. Les matrices ne sont plus gravées avec le même talent, avec la même délicatesse. On n’y apporte pas