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nale toujours présente, personnifiée dans un parlement et liée par une organisation déterminée, vis-à-vis d’un pouvoir exécutif constitué par elle, armé d’attributions suffisantes pour former un gouvernement efficace. Maintenant ce n’est plus qu’un expédient malheureux né du sentiment d’une impuissance universelle et perpétuant une incohérence à laquelle on ne sait comment se dérober. Une proposition nouvelle, il est vrai, compléterait l’idée première en prétendant lui donner un caractère, des développemens plus pratiques, ou la réaliser dans des conditions qui se rapprocheraient de tous les programmes si souvent débattus. L’assemblée qui est à Versailles se partagerait en deux chambres, un sénat de 200 membres et une assemblée de députés de 500 membres. Il y aurait des élections tous les ans, le même jour, pour combler tous les vides que la mort et les démissions feraient dans la chambre des députés. Le pouvoir exécutif serait armé du droit de dissolution, qu’il exercerait, comme on l’a proposé, d’accord avec le sénat. En d’autres termes, ce serait l’organisation constitutionnelle réalisée avec le personnel politique de l’assemblée qui existe aujourd’hui au lieu d’une organisation conduisant le lendemain à des élections générales, qui en seraient la première conséquence et l’application régulière. Fort bien ; mais si le président de la république peut exercer le droit de dissolution, que devient la prorogation de l’assemblée ? Si le pays, par des élections partielles ou par des élections générales, envoie une majorité qui crée au pouvoir exécutif une situation impossible, que devient le septennat présidentiel ? Voilà le chef du gouvernement placé entre une abdication nécessaire et un coup d’état ! Non, en vérité, ce n’est pas sérieusement qu’on a pu se promettre de faire accepter une combinaison qui ne pourrait que prolonger au-delà de toute mesure un provisoire énervant et ruiner l’autorité de l’assemblée en provoquant peut-être dans le pays une réaction dangereuse pour le régime parlementaire lui-même.

Ce qu’il y a de plus étrange, c’est que tout ce qu’on cherche, tout ce qu’on imagine, ne fait qu’attester d’une manière plus frappante la nécessité de sortir de la situation où nous nous traînons, de fixer les destinées du pays, et que devant cette nécessité il y a une véritable émulation pour éluder les seules conditions possibles d’une organisation sérieuse, les moyens simples et naturels qui s’offrent d’eux-mêmes à tous les yeux. La vérité est qu’on a épuisé toutes les subtilités, tous les raffinemens, et qu’on ne sait plus que faire. Après avoir créé un gouvernement dont on a déterminé la durée, on ne peut plus arriver à lui donner un caractère, une forme, des attributions, et on ne le peut pas parce que dans toutes les tentatives qu’on fait il y a une arrière-pensée, une protestation secrète et inavouée ; on veut et on ne veut pas. Évidemment ce septennat qu’on a l’air de défendre ne vivra pas tout seul par la vertu d’un chiffre cabalistique et d’une durée qui diminue nécessairement chaque jour. Il n’est pas seulement un nom, si honorable