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du combat de la veille. Sur le pont de l’Arche-Royale, le grand-amiral d’Angleterre leur conféra, au nom de la reine, les honneurs de la chevalerie.

La brise cependant avait fraîchi et se maintenait au sud-ouest. Un second messager fut détaché au prince de Parme. Médina le pressait de sortir, de venir le rejoindre à tout prix. Bien qu’ils se soient vantés de pousser devant eux l’ennemi comme un troupeau, les Anglais ne pouvaient méconnaître à cette heure l’imminence du danger. Ils rappelèrent les vaisseaux de lord Seymour, ceux de sir William Winter, détachés sur la côte de Flandre, et demandèrent à l’Angleterre menacée des renforts. Il était inutile de stimuler le zèle de la noblesse et de la gentry. Les volontaires s’engageaient en foule, nolisaient des navires et venaient à chaque instant grossir les rangs de l’armée. Là se confondirent avec les vieux corsaires les plus beaux noms de la Grande-Bretagne : les comtes d’Oxford, de Northumberland et de Cumberland, lord Dudley, sir Thomas, sir Robert et William Cecil. Quand il eut été rallié par Henry Seymour et par sir William Winter, le Lord d’Effingham se trouva entouré de cent quarante navires, tous en bon état et bien ravitaillés, commandés par les plus vaillans capitaines et montés par les plus vigoureux matelots qui aient jamais mis le pied sur un navire, Les juges de paix des comtés maritimes, le comte de Sussex, sir George Carey, les capitaines des forts et des châteaux envoyaient à l’envi des hommes, des vivres et des munitions. Quinze ou seize navires seulement avaient été jusqu’alors engagés ; le grand effort restait encore à faire.

Enfin le 27 juillet, dans la soirée, la flotte espagnole jeta l’ancre devant Calais. Tout dépendait désormais du duc de Parme. Qu’il chassât devant lui les vingt-cinq vaisseaux hollandais qui prétendaient encore le bloquer, et l’Angleterre se trouvait envahie. Le duc ne possédait, il est vrai, pour déboucher en mer que deux issues, le port de Dunkerque et celui de Nieuport ; son devoir n’en était pas moins de tenter la sortie. Il ne la tenta pas. « Ses bateaux plats faisaient eau ; ses matelots, retenus si longtemps contre leur gré, avaient déserté en grand nombre ; ses vivres n’étaient pas encore rassemblés. Il ne pourrait sortir avant le 4 août. » Telle fut la réponse que reçut Medina-Sidonia, et pendant ce temps l’escadre anglaise venait mouiller près de la flotte espagnole, presqu’à portée de coulevrine.

Le 28 juillet, le lendemain du jour où les deux flottes avaient jeté l’ancre, lord Howard reçut l’ordre de la reine de choisir huit de ses moins bons navires et de les convertir en brûlots. Ce moyen d’attaque avait été déjà employé avec le plus grand succès au siège d’Anvers, Deux capitaines, dont l’histoire a gardé les noms, Young