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III

Le péril dont sont menacés les principaux monumens religieux de la France n’est pas tout entier dans le goût du public ou des architectes ; il est dans les habitudes prises, il est dans la constitution même du service préposé à la conservation et à la restauration de nos cathédrales. Cette administration, qui remonte aux premières années du second empire, est une des moins heureuses créations du régime déchu. Quand on songe combien l’entretien de nos monumens est chose délicate et en même temps chose dispendieuse, il semble que, dans l’intérêt du budget comme dans celui de l’art, ce service public n’ait pu être entouré de trop de garanties. Or, dans l’état actuel, ces garanties sont faibles, pour mieux dire elles sont nulles. Avec le système inauguré en 1853, la direction et le contrôle, la proposition et la décision sont dans les mêmes mains ou dans des mains ayant des intérêts identiques. Par le décret de 1853, les cathédrales ont été réunies aux évêchés et aux séminaires sous la dénomination d’édifices diocésains, et le soin de l’entretien de ces édifices si différens de but et. d’intérêt a été confié à trois inspecteurs-généraux entre lesquels est réparti tout le territoire français. Tout ce qui regarde les travaux de nos cathédrales, ces inspecteurs diocésains, réunis en comité sous la présidence d’un directeur des cultes, le règlent souverainement sous le seul contrôle du ministre, contrôle le plus souvent illusoire et nominal. Autrefois les cathédrales ne pouvaient être réparées qu’après avis de la commission des monumens historiques ; aujourd’hui, tout en demeurant sur la liste de ces monumens, les églises métropolitaines en sont virtuellement exclues. Les plus vastes et les plus imposans de nos vieux édifices sont confondus avec des évêchés insignifians et de vulgaires séminaires ; ils ne sont pas plus défendus contre le caprice des restaurations que le dernier palais épiscopal. Une simple église de campagne, un simple portail roman d’une chapelle en ruines, s’il est classé comme monument historique, a plus de garanties de protection que nos grandes cathédrales.

Au-dessous des trois inspecteurs-généraux sont placés des architectes diocésains, chargés de proposer et d’exécuter les réparations des monumens. D’aprés le décret de 1853, ces architectes devaient, croyons-nous, résider aux chefs- lieux de leurs diocèses respectifs. Dans les derniers temps de l’empire, l’administration s’est affranchie de cette règle. Aujourd’hui le comité des inspecteurs et les bureaux du ministère distribuent comme ils l’entendent