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Farnèse ; elle en fut enlevée par le général Bonaparte en 1796, vint à Paris avec les tableaux de Corrège, y resta jusqu’en 1815, sans que ce voyage ait rendu l’intelligence du texte plus facile, car personne chez nous ne parut se douter de la présence de ce monument, puis à cette époque retourna à Parme pour y occuper la place d’honneur où elle se voit aujourd’hui. En 1842, une autre table de bronze, dont l’inscription présente une singulière analogie avec celle de Véléia, fut découverte dans le royaume de Naples, près de Bénévent, entre les deux petits hameaux de Circello et de Campolattaro. Elle vint jeter un nouveau jour sur l’institution dont ces deux documens épigraphiques sont les seuls témoignages, car les textes et les médailles qui la mentionnent ne nous fournissent aucun renseignement utile à cet égard. Borghesi, puis M. Henzen, purent seuls alors fournir l’explication de ces deux inscriptions et en déduire l’exposé complet de l’institution elle-même, une des plus belles créations de la Rome impériale, une de celles qui font le plus d’honneur à l’antiquité, comme on en pourra juger bientôt.

Pour citer encore, dans un autre ordre de faits, un texte épigraphique de la même époque et plus récemment découvert, nous nommerons les gobelets d’argent connus dans la science sous le nom de Vases Apollinaires de Vicarello. Nous prenons pour exemple seulement ici les questions entièrement neuves et sur lesquelles les écrivains anciens ne nous donnent aucune lumière. Vicarello est un lieu situé à 30 milles environ au nord-ouest de Rome, dans l’ancienne Étrurie, sur la rive septentrionale du petit lac de Bracciano, appelé autrefois lacus Sabatinus, au pied de la montagne de Rocca Romana. Ce lieu était très célèbre dans l’antiquité, et il l’est encore aujourd’hui à cause de ses sources thermale d’eaux salines acidulées, qui y attirent chaque année au printemps un grand concours de baigneurs. Les jésuites du Collège romain, alors propriétaires de cet établissement qu’ils exploitaient avec habileté, firent faire, en 1852, les réparations devenues nécessaires au bassin qui alimentait une des piscines de ces eaux. Ils s’aperçurent bientôt que la construction de ce bassin remontait à une époque fort reculée et qu’il contenait un nombre immense de petits monumens, de vases d’argent, de bronze, et surtout de monnaies dont les âges divers étaient en quelque sorte gradués chronologiquement par le caractère de plus en plus archaïque des objets qu’on en tirait, à mesure que l’on plongeait plus avant dans cette mine d’antiquités, si bien que les couches du fond étaient formées de ces grossiers morceaux de métal qui avaient servi aux échanges avant que l’art monétaire même le plus rudimentaire eût été inventé : ceci nous reportait aux premiers, âges des sociétés en Italie. Des