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minute leurs milliers de passagers affairés, qui vous coudoient, qui vous bousculent, tout cela compose un spectacle digne d’être vu, mais point du tout commode à voir. Les quais de l’Hudson, non moins animés, sont plus accessibles, car là chaque navire a son dock, vaste emplacement fermé, clos de planches, où l’on remue à l’aise les colis.

Sur la rivière de l’Est, au-delà du port marchand, sont les chantiers de construction des navires à vapeur. C’est de là que s’est élancé, au mois de septembre 1874, le City of Pekin, le plus grand steamer qui ait jamais été construit. Après un premier voyage d’essai, auquel fut invité et prit part le général Grant, il est allé doubler le Cap-Horn pour toucher à San-Francisco, et faire sur le Pacifique les voyages réguliers entre la Californie, le Japon et la Chine. A Brooklyn est le navy-yard, un des arsenaux de l’Union, où mouillent, se construisent et se réparent les fameux monitors et autres navires de guerre américains.

Le monde entier est tributaire du port de New-York et le monde entier lui expédie en échange ses produits. Bien mieux, tous les états de l’Union envoient la plus grande partie de leurs productions à cette place privilégiée, qui de là les dissémine elle-même sur tout le globe. C’est ici que le sud adresse une part de ses cotons et de ses riz, la Pensylvanie son charbon, son fer, son pétrole, le Kentucky, la Virginie, le Maryland, leur tabac, le Lac-Supérieur son cuivre, le Missouri son plomb, le Wisconsin son zinc. Les états de la Nouvelle-Angleterre apportent à New-York les produits de leurs manufactures et de leurs pêcheries, et jusqu’à leur glace et leurs fruits. Puis viennent les états de l’ouest, à leur tête l’Illinois, avec leurs grains, leurs farines, leurs viandes salées, leurs bois d’œuvre, leurs produits de jardinage, de vacherie, de basse-cour. Quoi de plus ? C’est ici que les mines de Californie et celles de Nevada envoient leurs lingots d’or et d’argent. New-York expédie à son tour à tous ces états les nouveautés et les tissus d’Europe, les vins et les liqueurs de France, le café de Rio ou de Java, le sucre de La Havane, le thé de Chine et du Japon, les laines de la Plata et d’Australie, l’étain des Détroits, les épices et les aromates de l’Inde. New-York est le grand entrepôt, l’immense magasin de toute l’Amérique du Nord.

Pendant l’année fiscale commençant au 1er juillet 1872 et finissant au 30 juin 1873, la dernière dont la chambre de commerce de New-York nous a remis les états statistiques, il est entré dans ce port, en nombres ronds, 5,700 navires jaugeant 4,300,000 tonneaux, sur lesquels il faut compter environ 1,000 steamers océaniques d’une capacité de 2,460,000 tonnes. A la sortie, on relève à très peu près les mêmes chiffres. Pendant la même année, tous les