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la volonté souveraine de l’empereur sous le règne duquel les trésors de l’histoire russe apparaissent à la lumière de la science, » les archives de la chancellerie impériale ont été transportées dans l’antique demeure des Narychkine. Dix jours après s’ouvrait à Kief le congrès archéologique. C’est le troisième qui ait été provoqué en Russie par l’énergique initiative du comte Serge Ouvarof. Le premier avait été tenu à Moscou en 1869, le second à Saint-Pétersbourg en 1871. Après les deux capitales de l’empire, cet honneur revenait naturellement à la ville de Kief. Elle aussi a été une capitale avant que les invasions de peuples nomades n’eussent détruit au XIIIe siècle cette première Russie, qui s’était constituée sur les bords du Dnieper.


I

Un congrès ne s’improvise pas. Le comte Ouvarof et le comité d’organisation de Kief avaient passé presque l’année en préparatifs. Aux musées de la Russie et de l’étranger, on demandait des pièces pour l’exposition qui devait accompagner le congrès : à défaut des originaux, on se contentait de reproductions photographiques ou de moulages coloriés. On dressait un programme des questions sur lesquelles on attendait les éclaircissemens des hommes compétens. La ville de Kief et son maire M. Demidof, prince de San-Donato, montraient le plus grand zèle. On traitait avec les compagnies de chemins de fer pour obtenir des réductions de tarif. On prenait à la charge de la ville une partie des frais de séjour pour les hôtes étrangers. L’université de Saint-Vladimir mettait ses vastes salles à la disposition de l’assemblée. Le ministre de l’instruction publique accordait une subvention de 3,000 roubles. L’appel du comité fut partout accueilli avec le plus vif empressement ; d’un bout à l’autre de la Russie, tous les corps savans tinrent à honneur d’envoyer leurs délégués. L’académie des sciences de Saint-Pétersbourg, les académies des beaux-arts et de médecine, les huit universités de l’empire et du royaume de Pologne, les hautes écoles ecclésiastiques de Kazan, de Moscou, de Kief, la société impériale de géographie, celle d’histoire de Russie, les comités de statistique, la commission archéographique, les sociétés d’archéologie, d’anthropologie, d’histoire, de littérature nationale, s’étaient fait représenter par quelques-uns de leurs membres les plus illustres. Bien peu arrivaient les mains vides : les uns apportaient des mémoires, les autres des objets antiques, des manuscrits précieux ou tout au moins quelque médaille inédite. C’étaient naturellement les deux capitales qui avaient fourni le contingent le plus considérable. La ville de Kief