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payant 200 millions ou 150 millions par année, dans quatre ans ou dans six ans toute cette dette sera éteinte sans avoir jamais coûté de grands sacrifices au trésor ou au pays ; il sera même possible, quand cette dette sera tombée à 250 millions, de faire un nouvel arrangement avec la Banque pour consolider définitivement cette créance en lui payant un intérêt qui soit intermédiaire entre le taux de l’intérêt actuel, 1 pour 100, et le taux de l’intérêt ordinaire des emprunts faits au public. L’exemple de la Banque d’Angleterre est là pour prouver qu’un grand établissement, quand il a un passé irréprochable, un crédit largement assis et éprouvé, surtout quand il jouit du monopole de l’émission des billets, peut sans inconvénient prêter à l’état d’une manière permanente plusieurs centaines de millions. A tous les points de vue, le mode de remboursement de la Banque par annuités est le meilleur, il rend facile l’amortissement d’une partie de notre dette publique, il ne change pas brusquement le mode de circulation du pays, il nous achemine avec certitude vers la reprise des paiemens en espèces sans nous laisser sentir aucun des inconvéniens du cours forcé.

Il ne faudra songer à l’amortissement de la dette perpétuelle que lorsqu’on aura payé la plus grande partie de la créance de la Banque, ce qui prendra encore plusieurs années ; mais il y a un autre procédé que l’amortissement pour diminuer le poids des dettes publiques : ce procédé est celui de la conversion. Dès aujourd’hui il importe de s’en occuper, parce qu’une première expérience peut être faite immédiatement sans danger et sur une petite échelle, parce que l’opinion publique aussi a besoin d’être préparée à une opération contre laquelle existent encore quelques préjugés. La conversion de dettes portant un intérêt élevé en dettes portant un intérêt moins élevé, quand elle est faite simplement et à propos, est une des opérations les plus légitimes, les plus facilement intelligibles et les plus efficaces du crédit public. Elle ne viole absolument aucun droit. Supposez un homme qui dans des temps difficiles et alors que les capitaux sont rares ait emprunté une somme pour laquelle il paie un assez gros intérêt ; au bout de quelques années, sa situation particulière et la situation générale du marché des capitaux se sont améliorées, il lui est facile de se procurer de l’argent à meilleur compte, il va trouver son créancier et il lui dit : « Je vais vous rembourser dans quelques mois la somme que je vous dois, à moins que vous ne consentiez à une diminution du taux de l’intérêt, qui n’est plus justifié par les circonstances. » Connaissez-vous rien de plus simple et de plus usuel que cette opération ? Eh bien ! c’est là tout ce qui constitue une conversion, il n’y a pas d’autre mystère. Qui a le droit de se plaindre en pareil cas ? Le créancier ancien ? mais on offre de lui rembourser la somme prêtée, s’il ne