Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 6.djvu/856

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE
COMTE DE MONTLOSIER

LES THEORIES CONSTITUTIONNELLES A LA CONSTITUANTE
D'APRES DES PAPIERS INEDITS.

C’est le propre de la révolution française depuis quatre-vingts ans d’être sans cesse interrogée. Les uns lui demandent raison de leurs mécomptes ; d’autres y puisent d’indomptables espérances, tous reconnaissent qu’elle porte encore dans ses flancs l’avenir de notre pays. Les controverses qu’elle inspire ne sont pas moins passionnées aujourd’hui qu’au lendemain même de 93. Il est surtout un problème que plus d’un honnête esprit se pose encore : quel changement se fût produit dans nos destinées, si au moment même de l’ouverture des états-généraux le roi avait apporté une constitution libérale, s’il avait consenti à ces concessions inévitables, telles que la permanence du corps législatif divisé en deux chambres, la responsabilité des ministres, la suppression des privilèges en matière d’impôts, et surtout l’abolition des derniers vestiges du régime féodal ? Ce plan de constitution que Necker, malgré ses aspirations, n’avait ni précisé ni même exposé, — quelques hommes, mûrs pour la vie publique, à la fois supérieurs et inférieurs à leur temps, le formulèrent, le définirent à la tribune. Leur histoire a été racontée avec une sympathique éloquence. Qui ne connaît leurs noms ? Ils n’eurent ni l’ardeur que communique la certitude du succès, ni la flexibilité que devrait donner la modération. Leurs contemporains les appelèrent les monarchiens ; eux