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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 juillet 1875.

L’autre jour, pendant le voyage qu’il vient de faire à travers les contrées ravagées du midi de la France, M. le président de la république a rencontré le maire d’une assez grande ville, qui s’est cru obligé de le saluer d’un très honnête discours, de lui parler du chemin de l’honneur et de la gloire, de la défense de l’ordre. À cette harangue, M. le maréchal de Mac-Mahon aurait répondu avec une bonhomie toute militaire : « Merci, mais ce n’est pas ça, je suis venu pour visiter les inondés… » La réponse du soldat-président, pour n’avoir point été officiellement enregistrée, ne paraît pas moins vraie, elle est surtout expressive et de circonstance.

Que de choses du temps auxquelles le mot pourrait s’appliquer ! À ceux qui font de la politique avec des déclamations et des banalités équivoques, à ceux qui multiplient les diversions compromettantes autour des lois les plus graves, à ceux qui cherchent avant tout des satisfactions de parti ou de secte, à ceux qui s’épuisent en conférences oiseuses ou en stériles tactiques, et quelquefois au gouvernement lui-même, on pourrait dire aussi : Ce n’est pas cela ! Il s’agit d’abord du pays et de ses intérêts les plus impérieux, de la réalité qui nous presse, de tout un régime à régulariser, de la sécurité du lendemain à préparer dans des conditions équitables, de tout un ensemble d’œuvres pratiques à terminer sans arrière-pensée ; il s’agit d’aller droit aux choses sérieuses, de savoir fixer la mesure de ce qu’on veut et de ce qu’on doit faire, pour éviter de perdre du temps, pour échapper à la tyrannie des incidens inutiles. Effectivement ce serait là un programme assez simple, naturellement tracé par les circonstances, presque imposé à un parlement dont les heures sont nécessairement comptées ; mais non, il vaut mieux livrer des batailles de partis sur l’enseignement supérieur, au risque de surcharger d’aggravations une loi qui est déjà par elle-même une très délicate expérience. Il vaut mieux faire comme