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nistère de Munich est, dit-on, décidé à défendre le terrain jusqu’au bout, fût-ce par un appel nouveau adressé au pays.

Ce n’est point d’élections qu’il s’agit précisément au-delà des Pyrénées, quoique tout concoure à préparer le rétablissement de la monarchie parlementaire par une réunion peut-être prochaine des chambres sous l’empire d’une constitution nouvelle. Pour le moment, l’Espagne en est encore à la période préparatoire, et avant tout il s’agit de délivrer le pays de l’insurrection carliste. C’est la première question, et s’il y a eu jusqu’ici des lenteurs qui s’expliquaient trop par la désorganisation de tous les services publics, tout indique aujourd’hui que la guerre prend un caractère nouveau. Ces quelques mois qui viennent de s’écouler n’ont pas été perdus ; le gouvernement de Madrid les a passés à préparer des moyens d’action ; il s’est occupé de proportionner les forces militaires aux nécessités du plan d’opérations plus général qu’il méditait, et dont l’exécution vient de commencer par une série de succès qui peuvent être décisifs.

Il faut se souvenir que les carlistes atteignaient presque partout l’Èbre et que sur certains points ils le dépassaient. Ils étaient dans le Bas-Aragon et du côté de Valence, dans ce massif montueux du Maeztrazgo, toujours si favorable à la guerre civile. Ils occupaient ainsi une longue ligne faisant face à toutes les forces libérales, et ayant des places fortes dans le Maeztrazgo. C’est de ce dernier côté que le général Jovellar s’est chargé d’attaquer avec l’armée du centre reconstituée ; il devait être secondé d’un côté par le général Martinez Campos opérant en Catalogne, d’un autre côté par le général Quesada opérant en même temps au nord contre la Navarre. On voulait avant tout rejeter les carlistes au-delà de l’Èbre, les refouler dans le Haut-Aragon, vers la frontière de France, en coupant, si on le pouvait, leurs communications. Ce plan a entièrement réussi, puisqu’en quelques jours le général Jovellar est parvenu à s’emparer de la place forte carliste du Maeztrazgo, de Cantavieja ; il a fait 2,000 prisonniers, il a mis la main sur du matériel et sur des établissemens militaires assez bien organisés. Le chef carliste Dorregaray n’a pu résister à cette attaque, il s’est rejeté avec le gros de ses forces dans le Haut-Aragon, poursuivi et harcelé par les troupes de Jovellar. Vainement d’autres chefs dispersés en Catalogne ont essayé de lui venir en aide ou de le dégager ; ils ont été tenus en respect par des troupes de l’armée de Martinez Campos. Du côté de l’armée du nord, le général Quesada a eu des succès peut-être plus décisifs encore. Il s’est avancé de Miranda sur l’Alava, il a rencontré les carlistes, il leur a livré bataille et leur a infligé des pertes sérieuses en les forçant à reculer. Il a dégagé ainsi Vittoria, et il a pu s’avancer dans l’intérieur de l’Alava. Il a déjà occupé la petite ville de Salvatierra et se trouve pour