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LES
MEMOIRES DE GREVILLE

The Greville Memoirs, a Journal of the reigns of king George IV and king William IV, by the late Charles C. F. Greville esq., edited by Henry Reeve, registrar of the Privy Council, London 1874.

L’ouvrage dont nous allons parler a rencontré des chances diverses. Au premier moment, les grands journaux anglais l’ont présenté au public comme intéressant, curieux, rempli de détails précieux pour l’histoire contemporaine, et se sont hâtés d’en extraire les passages les plus vifs, sans en atténuer le sens ni l’expression. Ce n’est que plus tard et lorsque la curiosité générale était ainsi excitée et satisfaite qu’un des critiques les plus estimés du Quarterly-Review a dénoncé cette publication comme intempestive et coupable. A l’instant même, l’orage qui couvait peut-être au sein de la société anglaise a éclaté dans une polémique d’une âpreté singulière. Les attaques ont été, comme sur un mot d’ordre, dirigées à la fois contre Ch. Greville et l’éditeur de ses mémoires, M. Reeve, à qui l’on a reproché d’avoir mis au jour des confidences qu’il eût mieux valu tenir secrètes. On s’exagérait peut-être la portée des révélations d’un journal commencé il y a plus d’un demi-siècle, et dont les dernières lignes ont été écrites il y a trente-sept ans : elles n’apprennent rien de nouveau aux amateurs de scandales, et dans un ordre d’idées plus rigoureux, s’il y a des indiscrétions blâmables, l’effet s’en trouve singulièrement atténué à cette distance.

La société anglaise se montre donc, à notre sens, un peu trop susceptible lorsqu’elle se croit attaquée dans sa propre