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sans travail et sur l’enfant sans père, de la frontière des Vosges au fond de la Kabylie, Si elle a pu tant faire et faire si bien, ce n’est pas seulement par le dévoûment de son président, le zèle intelligent de ses membres, c’est grâce encore à la sympathie du public français. Dès la première année, le total des souscriptions s’est élevé au chiffre énorme de 2,500,000 francs ; depuis lors les offrandes n’ont cessé d’affluer de tous les côtés et sous toutes les formes. Un jour c’est le vice-amiral Cloué, alors gouverneur de la Martinique, qui envoie, au nom de la colonie, 50,000 francs, produit net d’une loterie destinée d’abord à la libération du territoire ; une autre fois c’est Mme la maréchale de Mac-Mahon qui attribue à la société 10,000 francs sur le bénéfice d’une représentation théâtrale en faveur des Alsaciens-Lorrains. En beaucoup d’endroits également, on a organisé au profit de l’œuvre des bals, des concerts, des représentations dramatiques. Plusieurs conseils-généraux, ceux du Gard, du Morbihan, de la Côte-d’Or, ont voté des subventions à la société. L’Université surtout s’est fait remarquer par la fréquence et l’importance de ses dons ; il y a quelques jours à peine, le vice-recteur de l’Académie de Paris faisait effectuer à la caisse de la société un nouveau versement de plus de 10,000 francs. A toutes ces sommes de provenances diverses, il faut ajouter le produit de l’exposition installée l’an dernier dans les salons de la présidence de l’ancien corps législatif. Personne n’a oublié l’éclatant succès qu’elle obtint. A certains jours, le nombre des entrées atteignit 5,000 et 6,000. Aussi, quand tout fut terminé, que chaque objet intact eut été rendu à son possesseur, que tous les frais d’installation, de surveillance, d’emballage, eurent été payés, il restait encore à la société 186,000 francs nets qui ont pu être appliqués à la création de villages en Algérie.

Voilà comment la société a pu dignement soutenir son rôle et suffire jusqu’ici aux dépenses multiples qui lui incombaient ; dans une des dernières séances du comité directeur, le budget de l’année prochaine vient d’être arrêté ; malgré d’importantes réductions, il monte encore à 300,000 francs, sur lesquels plus de 100,000 sont destinés à l’assistance sous toutes ses formes : 30,000 à l’instruction, 20,000 à l’asile du Vésinet, 120,000 enfin à l’Algérie. Cependant ce dernier effort aura presque complètement vidé la caisse de la société. Depuis longtemps, les comités de province ont dû limiter leur action et ne plus distribuer que de rares secours ; d’autre part, le sous-comité de la commission Wolowski, spécialement chargé de l’Algérie, a terminé son œuvre, les fonds qui lui avaient été confiés sont épuisés ; il n’y a plus guère que la société de protection qui fonctionne encore et puisse venir en aide aux Alsaciens-Lorrains sans ressources. Il lui faudra évidemment