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désignent cette écriture sous le nom d’assyrienne, parce que le peuple d’Israël l’avait, dit-on, apportée des bords de l’Euphrate au retour de la captivité. La tradition talmudique s’accorde avec le témoignage de plusieurs pères de l’église pour la représenter comme ayant été introduite en Palestine par Esdras. Il est certain que l’hébreu carré n’appartient pas à la même branche que l’écriture primitive des Juifs ; il se rattache à un rameau qui poussa de bien plus nombreux rejetons, le rameau araméen ou syrien, dont j’indiquerai plus loin la postérité. L’écriture hébraïque primitive, on en retrouve les formes, bien que légèrement altérées, sur les monnaies juives datant de la dynastie asmonéenne. Grâce à des monumens découverts en Assyrie et à Chypre, à des pierres gravées portant d’anciens caractères phéniciens, on a pu remonter au plus ancien type des lettres dans cette partie de l’Asie, ce qui a permis de saisir le lien existant entre la première écriture des Israélites et les vieux caractères phéniciens. L’alphabet hébreu primitif reproduit la physionomie générale de ces caractères. Seulement les traits se sont arrondis et simplifiés ; les hastes ou jambages dépassant supérieurement le corps de la lettre, propres au phénicien archaïque, s’y recourbent et s’y infléchissent. Cette vieille écriture juive, dont les formes se sont conservées à de légères altérations près dans l’alphabet employé par les Samaritains, rentre dans la catégorie des écritures dites onciales. Elle était manifestement destinée à être tracée avec le roseau sur le papyrus ou sur les peaux que l’on préparait pour écrire, tandis que les caractères phéniciens archaïques que nous connaissons semblent plutôt conçus pour être gravés sur des stèles. Cela ne veut pas dire que les marchands chananéens n’aient point fait usage, dès le principe, d’une écriture cursive dont leurs habitudes mercantiles durent assurément éprouver le besoin ; mais les monumens de cette écriture ne nous sont pas parvenus., Tous les autres alphabets qu’on peut qualifier de sémitiques, aussi bien que ceux de diverses langues auxquelles cette épithète ne saurait convenir, sont nés d’une branche différente qui bourgeonna de bonne heure sur la souche primitive ; c’est la branche araméenne, qui, une fois implantée dans des pays tels que l’Assyrie, la Babylonie, que leur situation centrale mettait en rapport avec une foule de peuples, se propagea rapidement. Elle projeta des rameaux dans toutes les directions. L’écriture araméenne était déjà constituée au VIIe siècle avant notre ère. Les plus anciennes formes nous en sont fournies par des monumens découverts en Assyrie, des suscriptions qui se lisent dans des contrats écrits sur des terres cuites en caractères cunéiformes, sur des briques, des gemmes, des intailles, des monnaies.

Il suffit de comparer les plus anciennes lettres araméennes au