Malgré lui cependant il s’abandonne, et, laissant échapper son secret, il rougit de lui-même et se tourne en honte :
- La rougeur me couvre le visage.
Mais, incapable de se renfermer dans le secret, il éclate et s’avoue lui-même dans toute sa force, dans toute sa folie : c’est l’amour proprement dit.
- De l’amour j’ai toutes les fureurs…
- Je sentis tout mon corps et transir et brûler.
- Je reconnus Vénus…
Ce n’est qu’un oubli d’un instant, et, éclairé par l’idée du bien, l’amour bientôt devient le remords :
- J’ai conçu pour mon crime une juste terreur ;
- J’ai pris la vie en haine et ma flamme en horreur.
La mort supposée de Thésée ouvre à la passion de Phèdre un nouveau champ. Admise en présence d’Hippolyte, elle laisse échapper son secret, et l’amour déchaîné traduit le désir :
- Et Phèdre au labyrinthe avec vous descendue
- Se serait avec vous retrouvée ou perdue.
Le désir, quoique repoussé, et après un moment de honte, devient de l’espoir :
- J’ai déclaré ma honte aux yeux de mon vainqueur,
- Et l’espoir malgré moi s’est glissé dans mon cœur.
Cet espoir descend jusqu’à la prière :
- Peins-lui Phèdre mourante,
- Ne rougis point de prendre une voix suppliante ;
- Je t’avouerai de tout…
Une nouvelle péripétie se déclare. Hippolyte est amoureux. Toutes les douleurs précédentes cèdent à cette douleur nouvelle : toutes les angoisses s’emparent de cette âme malade, et l’amour devient jalousie :
- Œnono, qui l’eût cru ? j’avais une rivale :
- … Ah ! douleur non encore éprouvée !
- Ils s’aiment !
La jalousie fait passer l’âme en un instant de l’amour à la haine :
- Il faut perdre Aricie !