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veulent sincèrement la liberté de substituer autant que possible à l’intervention et à l’omnipotence de l’état l’énergie créatrice et le principe d’expansion de l’esprit d’association. »


Ces discours et ces résolutions n’eurent point cependant tout le retentissement qu’ils méritaient. Les libéraux, qui redoutaient, dans un intérêt de parti, les progrès du catholicisme libéral, affectèrent de ne voir dans le congrès de Malines qu’une démonstration excentrique sans importance et même sans sincérité ; les dignitaires du clergé qui s’étaient jetés dans cette aventure, sans en prévoir peut-être toutes les suites, se demandaient, non sans inquiétude, ce qu’on en penserait à Rome. Leurs craintes ne tardèrent pas à se trouver justifiées. Le 21 décembre 1863, le pape écrivait à l’archevêque de Munich une lettre dans laquelle, exprimant son opinion sur les congrès en général, il manifestait la surprise « extraordinaire » que lui avait causée la convocation de ces assemblées et les appréhensions de toute nature qu’il en avait ressenties. Il frappait d’un blâme formel et absolu l’audace de ces catholiques qui, « dupes de malheureuses illusions, » osent vouloir pour la science « une liberté trompeuse et très peu sincère ; » il insistait enfin sur la nécessité de ne pas borner aux articles de foi l’obéissance due au chef de l’église. Cette lettre causa naturellement une vive émotion parmi les adhérens du congrès de Malines. Elle ne les empêcha pas cependant de se réunir de nouveau en session, au mois d’août 1864 ; mais M. de Montalembert n’assista pas à ce second congrès, dont le ton n’en resta pas moins libéral. Mgr Dupanloup y prononça un éloquent discours sur la question de l’enseignement, et il n’hésita pas à déclarer, aux applaudissements enthousiastes de 3,000 ou 4,000 auditeurs, que le plus mauvais des maîtres, c’est l’ignorance. Enfin parmi les résolutions du congrès, il s’en trouvait une recommandant d’une façon toute spéciale l’introduction ou le développement de l’enseignement de l’économie politique dans les établissemens catholiques. Malgré l’abstention de M. de Montalembert, il semble que l’on n’ait pas été à Rome plus content de ce deuxième congrès qu’on ne l’avait été du premier, et ce n’est pas émettre une simple conjecture que d’avancer que ces deux réunions du catholicisme libéral hâtèrent, si elles ne déterminèrent point la publication de l’encyclique Quanta cura et du Syllabus. Ces deux pièces, où toutes les propositions qui avaient servi d’étoffe au manifeste de M. de Montalembert et dont l’esprit avait inspiré les délibérations et les résolutions des assemblées des catholiques libéraux étaient condamnées, parurent le 8 décembre, trois mois après le second congrès de Malines. Nous n’avons pas besoin de rappeler