Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 11.djvu/667

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grandes masses ; l’extraction en est peu importante dans les états de Rhode-Island et de Massachusetts. C’est l’idéal du charbon fossile, presque du charbon pur comme le diamant. Enlevez-lui quelques centièmes de cendres et donnez-lui la limpidité qui lui manque, vous aurez la reine des gemmes. Il est tel échantillon d’anthracite qui renferme presque au-delà de 95 pour 100 de carbone fixe ; le peu qui reste est dévolu aux matières volatiles, qui ne consistent souvent qu’en un peu d’eau combinée ou interposée, et aux cendres. Les Américains sont fiers de ce combustible, et remarquent que leur pays seul en est largement doté. En Europe, un coin de la Grande-Bretagne, le pays de Galles, où sont les mines de Swansea, et un département de France, l’Isère, où sont les mines de la Mure, en produisent seuls des quantités assez notables, et encore la qualité n’en est pas comparable à celle de l’anthracite américain. Celui-ci est toujours compacte, dur, d’un noir de jais, d’un éclat semi-métallique, ne tache jamais les doigts, ne produit ni poussière ni fumée. Grâce à la quantité considérable de carbone qu’il contient, il développe entre tous les combustibles minéraux le maximum de chaleur ; c’est comme du coke naturel. L’anthracite est par excellence le combustible domestique. Le cannel-coal des Anglais, cette houille terne, chargée de bitume, qui s’allume comme de la chandelle et jette une flamme vive et blanche, n’a pu lui ravir que quelques foyers des maisons riches ; lui, on le rencontre dans tous les poêles, dans toutes les cheminées. Comme il exige un assez grand tirage, il n’est pas utilisé seul à bord des navires à vapeur : il faut pour cela le mélanger à des combustibles bitumineux. Comme il ne colle pas en brûlant à la façon de la houille maréchale, il est aussi impropre à la forge ; mais ces énormes foyers où l’on traite le minerai de fer, les hauts-fourneaux, l’emploient avec avantage au lieu du coke ou de la houille flambante crue. En 1868, à Haukendauqua (Pensylvanie), nous l’avons vu jeter en blocs volumineux dans la gueule des fours, et nous avons salué là l’inventeur de ce procédé métallurgique, le vénérable M. Thomas, venu en 1840 du pays de Galles pour apprendre aux Américains à consommer l’anthracite dans le traitement du minerai de fer.

C’est dans l’est de la Pensylvanie que sont concentrés les charbons anthraciteux. Ils occupent trois bassins distincts, superficiellement peu étendus, très rapprochés, de directions sensiblement parallèles, et qui sont quelquefois appelés du nom des cours d’eau qui les traversent, le Schuylkill, le Lehigh et la Lackawanna. La première et la seconde de ces rivières sont des affluens de la Delaware, qui passe à Philadelphie, la troisième se jette dans la Susquehanna, dont l’embouchure est au-dessous de celle de la Delaware. Le pays où sont dispersés les mines et les chantiers d’exploitation est