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occupent particulièrement. La Californie n’est pas du reste le seul pays métallifère où l’on signale ce bien-être et un progrès agricole continu. Tous les nouveaux états ou territoires qui gravitent autour d’elle doivent également à l’exploitation de l’or et de l’argent et leur prospérité toujours plus grande et leurs merveilleuses transformations.


III. — LES MINES D’ARGENT.

L’état de Nevada et le territoire d’Utah sont les deux principales régions qui produisent l’argent aux États-Unis. Le seul rendement du Nevada, toujours croissant depuis six ans, a dépassé 175 millions de francs en 1874, et celui de l’Utah a été d’environ 30 millions. À ces deux régions argentifères, il faut joindre le Colorado, l’Idaho, le Montana, l’Arizona et le Nouveau-Mexique, qui ont produit tous ensemble, en tenant compte aussi de la part afférente à la Californie, environ 30 millions de francs d’argent. Sur cette somme, plus des deux tiers appartiennent par moitié à la Californie et au Colorado. Les mines de l’Arizona ont été jadis plus prospères. Elles sont sur le prolongement de celles si riches de la Sonora, et appartenaient même à ce groupe avant l’annexion de l’Arizona aux États-Unis. Elles ont été en partie détruites, inondées, incendiées, à la suite des terribles incursions des Apaches lors de la guerre de sécession. Depuis cette époque, elles ne se sont plus relevées, et la production n’a fait qu’y décroître.

Les mines de l’Utah ne sont exploitées que depuis 1870. Elles étaient connues ou du moins soupçonnées depuis longtemps des mormons; mais leur président Brigham Young, imitant en cela la politique du sénat de Rome vis-à-vis de l’ancienne Italie, n’entendait pas autoriser l’exploitation de ces mines, de crainte que la culture agricole, celle qui a véritablement fondé l’Utah, ne fût négligée pour les travaux souterrains. Il était à craindre aussi que les gentils (c’est le nom que donnent les mormons à tous ceux qui ne sont pas de leur église) ne fissent irruption sur le territoire sacré, si les mines étaient ouvertes. Les événemens se sont joués de la politique du pape des saints. Quand l’heure a sonné, quand le chemin de fer du Pacifique a été ouvert, les pionniers, le pic sur l’épaule, sont venus éventrer les filons qui gisaient aux flancs des monts Wahsatch, et les mines ont immédiatement donné de tels bénéfices, que la fièvre des recherches s’est communiquée non-seulement aux chefs mormons eux-mêmes, mais encore au dernier des saints.

Ces nouvelles mines paraissent devoir être un jour presque aussi