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peinture et la sculpture modernes, qui sont à la Galerie nationale et à South-Kensington. Sans sortir d’une seule enceinte, les érudits ont sous la main un admirable ensemble d’imprimés et de manuscrits qu’ils consulteront dans la salle de lecture la mieux ordonnée et la plus commode qu’il y ait au monde ; les naturalistes disposent de merveilleuses collections, lentement formées par les recherches d’un peuple commerçant et navigateur ; aux savans qui s’occupent de déchiffrer les alphabets et les idiomes perdus pour rétablir les pages déchirées du livre de l’histoire, l’Égypte et l’Assyrie, l’Étrurie, la Lycie et l’île de Chypre offrent quelques-unes de leurs plus précieuses dépouilles ; enfin, sans parler des bijoux, des bronzes, des vases, des terres cuites que renferment les salles consacrées aux antiquités grecques et romaines, sans parler même des débris du Mausolée et des colonnes sculptées d’Éphèse, l’archéologue et l’artiste, s’ils veulent pénétrer le secret du génie et du prestige d’Athènes, s’ils veulent se faire quelque idée de ce que dut être le Parthénon dans sa première fleur de beauté, quand il sortit des mains d’Ictinos et de Phidias, ne peuvent plus se contenter d’avoir visité et longuement étudié les ruines de l’Acropole ; au voyage de Grèce, il leur faut ajouter celui de Londres, et passer en face des marbres d’Elgin quelques-unes de ces heures que n’oublient point ceux qui en ont savouré les délices.

Le musée où sont rassemblés aujourd’hui tant de matériaux scientifiques et de tels chefs-d’œuvre de l’art a été fondé, par acte du parlement, dans le cours de l’année 1753 ; mais c’est seulement dans la première moitié de ce siècle qu’il a pris de l’importance, que l’opinion s’y est intéressée, que les pouvoirs publics s’en sont préoccupés, et qu’ils ont commencé à lui fournir libéralement les moyens de se développer et de saisir, pour augmenter ses collections, toutes les occasions propices. Les bâtimens mêmes qu’il occupe aujourd’hui, et où il se trouve déjà à l’étroit, ont été construits de 1823 à 1852, sur les plans de Robert et de Sydney Smirke. Quant à la nouvelle salle de lecture, dont les Anglais sont fiers à juste titre, elle ne date que de 1856. L’édifice, de trois côtés enveloppé de maisons, ne se montre que par sa façade tournée vers le sud, le long de Great-Russell-street ; cette façade, avec son pavillon central orné d’un fronton décoré par Westmacott, avec ses deux ailes en saillie et sa haute colonnade ionique, a des défauts de plan et d’exécution qui frappent tout d’abord un homme du métier ; pour en indiquer qu’un, la saillie des deux ailes, auxquelles l’architecte adonné les mêmes dimensions qu’au pavillon central, semble diminuer celui-ci, qui se trouve plus éloigné du spectateur ; la perspective altère ainsi les proportions au détriment de