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aujourd’hui le palais de la reine. L’édifice était bien situé et spacieux, mais il eût coûté trop cher ; on se décida pour Montagu-house, dans le quartier appelé Bloomsbury, grand hôtel bâti à la fin du siècle précédent, dont les pièces principales et le grand escalier avaient été décorés par des peintres français de l’école de Lebrun. Les dépendances en étaient très vastes, et un beau jardin entourait les bâtimens. L’entrée principale était par Great-Russell-street. Le musée Sloane revenait ainsi s’établir à quelques pas de la maison qui lui avait servi de berceau ; la bibliothèque cottonienne et les manuscrits des Harley le suivaient dans ce nouveau local. Les travaux d’appropriation et d’installation durèrent six ans ; ce fut en 1759 que le musée fut ouvert. Depuis lors, il n’a plus jamais quitté le terrain acheté pour lui avec le produit de la loterie de 1753. Comme un enfant dont la croissance ne s’arrête pas, il a dû changer de vêtemens ; il a fallu d’abord agrandir les anciennes constructions, puis les abattre pour leur en substituer de bien plus spacieuses ; mais les noms de deux des rues qui l’entourent, Montagu-place, Montagu-street, suffiraient encore à nous avertir que, tout en se plaignant souvent d’être trop à l’étroit, il n’a point déménagé.

Dans le projet de Sloane, à côté des fidéicommissaires (trustees) ; il y avait une commission de surveillance et de contrôle (visitors), La charte de fondation, en 1753, réunit en un seul corps ces deux groupes. Elle reprit, dans de plus larges proportions, le plan qui avait été suivi cinquante ans plus tôt lors de la cession de la bibliothèque cottonienne ; elle institua quarante et un administrateurs, munis de pleins pouvoirs, pour gérer la fortune du musée, décider les achats, régler tout ce qui aurait trait à l’arrangement des collections et à l’admission du public. Sur ce nombre, six étaient les représentans (family trustees) des trois familles Cotton, Harley et Sloane ; c’était bien le moins qu’elles restassent intéressées à la conservation et au bon emploi de trésors que l’on devait à l’intelligence et au patriotisme d’un de leurs membres. Vingt autres avaient le titre d’officiels (official trustees), c’est-à-dire qu’ils figuraient dans le conseil du musée, non pas à titre personnel, mais en vertu de leur charge et tant qu’ils l’occupaient. Les administrateurs que fournissaient ces deux catégories en élisaient quinze autres (elected trustees) qui étaient nommés à vie, parmi les hommes qui, par leurs études, leurs goûts et leur situation, paraissaient le plus capables d’apporter au conseil un utile concours. En tête des commissaires officiels étaient placés l’archevêque de Cantorbéry, primat du royaume, le lord chancelier et le président de la chambre des communes ; ils sont désignés sous le nom de commissaires principaux (principal trustees), et c’est à eux trois qu’est remis par le