Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 12.djvu/921

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’extérieur, nulle part mieux qu’ici on ne peut se faire une idée de cet ensemble, où l’on s’accorde à reconnaître, sinon la main même de Phidias, — toute une bande de sculpteurs, inégaux de soin et de talent, a dû concourir à l’exécution de cette grande œuvre, — tout au moins une composition inventée, étudiée et dessinée par le maître ; Au-dessus de la frise sont encastrée » dans la paroi quinze métopes provenant de la face méridionale du Parthénon ; elles sont en général inférieures aux figures des frontons et à la procession des Panathénées, si bien que l’on incline à y chercher l’œuvre de sculpteurs plus âgés auxquels Phidias aurait fait leur part, des derniers représentans de la vieille école attique. Dans ce combat des Centaures et des Lapithes, que représentent.les métopes de Londres, le mouvement, a de la justesse et de l’entrain ; mais le faire est un peu sec, n’a pas l’ampleur et la liberté des autres bas-reliefs et statues du même édifice.

Vous continuez d’avancer et vous vous trouvez entre deux larges soubassemens, sur lesquels sont rangées les figures des deux frontons dans l’ordre que nous indiquent, outre leurs attitudes et leurs dimensions, les dessins pris en 1674 par le peintre français Carrey, quelques années avant le bombardement de Morosini et l’explosion qui coupa le temple en deux. On sait par Pausanias que le fronton oriental représentait la naissance d’Athéné, l’occidental la lutte d’Athéné et de Poséidon, se disputant l’honneur de présider aux destinées de la cité naissante. N’était ce l’enseignement, on n’aurait pu retrouver les sujets, tant la transformation du temple en église et l’accident de 1689 ont maltraité le centre des frontons, tant sont aujourd’hui tristement mutilées le peu de figures qui ont survécu, cachées dans les angles. Presque toutes les têtes ont disparu, ainsi que les pieds et les mains ; dans les parties conservées, le marbre a partout souffert, il a perdu son épiderme, il a été écorché par la dureté du vent et la brutalité des hommes. Malgré tout, lorsqu’on se trouve en présence de la figure connue sous le nom de Thésée ou d’Hercule et du groupe dit les Parques, on éprouve la même impression qu’à South-Kensington devant les cartons de Raphaël ; on se sent en présence de l’un des chefs-d’œuvre du génie humain. Le Thésée, c’est l’idéal de la beauté virile. Le modelé de cette figure a une telle sûreté et une telle puissance qu’il subsiste encore, si l’on peut ainsi parler, là même où il a été attaqué par l’érosion de la surface. L’œil est comme entraîné ; il continue sans effort les plans interrompus. Cette nudité grandiose offre d’ailleurs le plus heureux contraste avec les amples draperies des déesses. Celles-ci sont toutes vêtues ; chez une seulement, la tunique a glissé sur le bras et laisse à découvert l’épaule et le haut de la poitrine. L’étoffe