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frises du Parthénon, » et chez les femmes de Sparte, « cette beauté forte et fière que les anciens poètes célébraient chez les vierges doriennes. » Tournez la page, la scène change ; nous entrons en Turquie, nous pénétrons avec l’auteur dans cette péninsule à peine explorée des Balkhans, « où le désordre extrême des chaînes de montagnes a eu pour conséquence un désordre analogue dans la distribution des peuples : » ici la description physique, le détail ethnographique, dominent et viennent occuper, envahir le premier plan. À son tour, deux fois dans l’histoire l’Italie a eu cette haute fortune d’exercer l’hégémonie du monde civilisé « soit par la force de la conquête et de l’organisation, soit par la puissance du génie, le développement des arts, des sciences et du commerce : » à quelles conditions géographiques elle a dû d’acquérir cette prépondérance, et comment depuis la dissolution de l’énorme empire l’histoire a modifié ces conditions elles-mêmes et dépossédé Rome de sa gloire de capitale, voilà ce qu’il importe avant tout de rechercher, et voilà pourquoi l’auteur ouvrira sa description de l’Italie par une courte, mais substantielle étude sur le rôle historique de la ville éternelle.

Ainsi dans l’ordonnance de ce plan rien, comme on voit, n’a été laissé au hasard et rien n’a été donné à la routine : tout y a été disposé selon la logique de la science. Que si maintenant nous passons au détail, l’exécution ne paraîtra pas inférieure à la conception de l’ensemble. Aussi bien n’est-ce pas aux lecteurs de la Revue qu’il est utile de rappeler la compétence de M. Reclus : les savantes études qu’il a publiées ici même parleront pour nous, et aussi ce beau livre de physique géographique, la Terre, qui forme en quelque manière l’introduction purement scientifique de la Géographie universelle. Dans ce nouvel ouvrage, si l’auteur a fait sa place, et sa large place, au détail physique, s’il est revenu, dans la mesure de l’indispensable et avec une précision particulière, sur la configuration des continens, sur leur ossature de montagnes, sur leur réseau de fleuves et autres voies de communication naturelles, s’il n’a rien omis de ce que l’homme a fait soit pour déjouer, soit encore pour détourner au plus grand profit de la civilisation la violence aveugle des forces de la nature, s’il a joint à ces descriptions, comme un perpétuel commentaire, des cartes spéciales, dont la clarté seule pour ainsi dire garantit l’exactitude et affirme l’autorité, — pour combien de détails encore, et combien divers, n’a-t-il pas su se ménager l’espace ? Tantôt c’est une rapide ébauche des paysages de la Grèce : « Ce qui ravit l’artiste dans les paysages des golfes d’Athènes ou d’Argos, ce n’est pas seulement le bleu de la mer, le sourire infini des flots, la transparence du ciel, les perspectives fuyantes, les brusques saillies des promontoires ; c’est aussi le profil si net et si pur des montagnes, aux assises de calcaire et de marbre : on dirait des masses architecturales et maint temple qui les couronne ne fait qu’en résumer la forme. » Pourquoi n’ajou-