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circulation, les vomissemens des cholériques, etc.) : le tannin et la résine expliquent l’action tonique et astringente ; mais, pour se rendre compte de l’action fébrifuge de cette plante, on a naturellement recherché un principe spécial qu’on a soupçonné pouvoir être un alcaloïde. M. Carlotti croit même avoir isolé ce corps en l’extrayant par l’acide sulfurique d’une substance résinoïde analogue à la résine de quina ; mais les recherches ultérieures de M. Bordo, de M. Taillotte et d’autres pharmaciens n’ont pu faire retrouver ce produit, que le docteur Carlotti lui-même avouait n’avoir pu obtenir bien épuré. Il y a donc sur ce point une lacune à combler, comme il y en a dans les analyses de l’eucalyptus faites par M. Adrien Sicard, MM. Vauquelin et Luciani et M. Weber.

L’essence d’eucalyptus est déjà entrée dans le domaine de la toilette à titre de vinaigre aromatique, d’alcoolat parfumé : comme toutes les huiles volatiles très odorantes, elle est trop forte et plus ou moins déplaisante, respirée en masse ; une fois diluée, l’arôme s’adoucit et persiste très longtemps avec un caractère sui generis, mais qui tiendrait, dit-on, du camphre, du laurier et de la menthe poivrée. M. Ramel l’a fait entrer dans des bonbons très agréables recommandés contre la toux et les affections chroniques des bronches.

L’eucalyptus globulus n’est pas le seul arbre de ce genre qui renferme une essence odorante : toutes les myrtacées ont leurs organes remplis de petits réservoirs d’huile volatile ; les eucalyptus en particulier en renferment tous des quantités variables, dont les odeurs caractéristiques servent à la dénomination vulgaire de l’arbre. C’est ainsi que le plus gros des eucalyptus, l’eucalyptus amygdalina, s’appelle tasmannian peppermint, menthe poivrée de Tasmanie, — l’eucalyptus odorata, peppermint ou menthe poivrée tout court. Les usages économiques de ces essences sont en ce moment à l’étude comme dissolvans de matières résineuses et même comme huiles à brûler à la façon du pétrole[1].

Les résines sont également des produits très ordinaires des nombreuses espèces d’eucalyptus, et les noms de gum trees, arbres à gomme, ou plus spécialement de gommier rouge, blanc, bleu, etc., se rapportent à cet ordre de produits. D’autres noms vulgaires, comme stringy bark, écorce fibreuse (eucalyptus obliqua, L’Héritier, la première espèce décrite du genre), iron bark, écorce de fer, font allusion à d’autres caractères sur lesquels une étude complète de ce vaste groupe d’arbres révélerait de très curieux détails.

Mais il est temps de terminer cette esquisse, bornée à dessein au

  1. Consulter sur ce sujet F. Mueller, Victorian exhibition, Indigenous vegetable, Melbourne 1862, in-8o.