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UNE EXCURSION
DANS LE NORD DU JAPON

YEDO ET LES AÏNOS

À bord du Kanzu-maru, 2 août 1874.

Me voici encore une fois loin de Yeddo, profitant de mes dernières vacances pour vivre quelques semaines au milieu de ces populations incultes auxquelles il faut demander le secret des mœurs primitives et de la civilisation originelle du Japon. Après avoir salué à Kioto l’antique capitale des mikados, le berceau de l’empire, le foyer d’où rayonnèrent jadis la science, la politesse, les arts importés de la Chine, après avoir parcouru les provinces du centre, où prospère la vie agricole et industrielle, je me propose de visiter les contrées reculées où vient mourir le flot de l’ancienne civilisation, et dans lesquelles la nouvelle ne s’est pas encore répandue. Il a fallu pour cette fois partir seul. De mes compagnons de voyage de l’année dernière, les uns sont retenus par leur service, les autres découragés par l’inclémence de la température ou les difficultés et l’étendue du programme. Quelques caisses de biscuits et de conserves forment sur le pont du Kanzu-maru le petit retranchement où le maître, le serviteur et le chien essaient tant bien que mal de se caser, chacun suivant son goût. C’est là qu’il faudra dresser la table, improviser un lit et organiser une tente pour se garantir d’un soleil d’août, dangereux même à travers le casque de feutre. J’ai fait une tentative pour descendre dans l’unique petite cabine où