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garder un droit permanent de sédition morale au risque d’entraîner le pays et l’assemblée elle-même dans toutes les crises. Il faut évidemment sortir au plus vite de cette situation fausse, que les partis extrêmes sont seuls intéressés à maintenir, parce que seuls ils croient profiter de l’inconnu, et le meilleur moyen de sortir de là, M. le président de la république l’a indiqué un jour dans un de ses messages, c’est d’en finir avec ces problèmes d’organisation constitutionnelle qui sont un péril tant qu’ils restent en suspens. C’est toujours résoudre la question par la question, direz-vous ; pour en finir avec cet éternel problème de l’organisation des pouvoirs, il faut une majorité qui n’existe pas ou qui du moins n’a pas réussi encore à se dégager du chaos parlementaire du moment. C’est bien là certainement la difficulté intime, nous ne le méconnaissons pas, et elle peut être un obstacle à tout. Si cette majorité n’existe pas, il faut qu’elle se retrouve, qu’elle se rallie sur le seul terrain où elle puisse se recomposer aujourd’hui ; il faut qu’elle oppose le faisceau des opinions modérées, la prévoyante décision d’une politique active et efficace aux turbulences des minorités, dont l’unique tactique est de démontrer que rien n’est possible. Ce qui est certain, c’est que l’assemblée ne peut échapper désormais à cette alternative ; elle est condamnée à retrouver une majorité d’action politique ou à s’en aller ; elle est placée entre la nécessité d’une organisation plus ou moins définitive, plus ou moins définie, dans tous les cas régulière et fixe, réalisant les seules choses possibles, — et l’extrémité d’une dissolution. Cette dissolution, elle peut venir sans doute d’un instant à l’autre ». elle peut même être inévitable et prochaine, et après tout ce serait la combinaison la plus simple, si elle était l’acte libre d’un pouvoir maître de lui-même, appelant spontanément le pays à se prononcer sur ses propres destinées. Ici, ceux qui réfléchissent ont à se demander ce que serait un vote de dissolution échappant brusquement à l’impatience des partis, éclatant dans le désarroi d’une séance troublée comme un aveu d’impuissance, livrant le pays aux chances d’une agitation tumultueuse et confuse. Ce sera peut-être de toute façon une nécessité, ce sera sûrement aussi une extrémité à l’heure où nous sommes, dans cette incohérence léguée par toute une année de stériles conflits. Avant d’en venir là, il y aurait, ce nous semble, quelque sagesse à tenter au moins un dernier effort pour reprendre tous ces problèmes d’organisation systématiquement obscurcis ou dénaturés, pour rallier une majorité à une œuvre de sécurité et de raison.

C’est là sans doute ce dont, on s’occupe dans ces quelques jours de vacances ou de répit avant le 5 janvier. Des négociations ont été engagées, dit-on, entre les divers partis, les délibérations se succèdent dans les conseils du gouvernement. On s’interroge, on cherche des combinaisons. Réussira-t-on à trouver une solution, un terrain de transaction ?