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président de la république. À quoi s’est-il arrêté dans ces délibérations récentes qui ne sont point un mystère et où toutes ces questions paraissent avoir été agitées ? On aura beaucoup discuté sans doute, et on attend encore pour se décider. Une chose est bien certaine, le gouvernement ne peut s’effacer sans avoir l’air d’abdiquer ; il ne peut ni laisser tout faire, ni admettre qu’on ne fasse rien, et nul plus que M. le président de la république n’a le droit d’intervenir, de demander à l’assemblée la réalisation de promesses réitérées, de véritables engagemens consacrés par des lois. M. le maréchal de Mac-Mahon ne peut se méprendre sur cette comédie des légitimistes et des bonapartistes, qui ont toujours l’air de lui rendre hommage en refusant à son pouvoir les moyens de vivre. C’est le moment pour lui de reprendre son message du 9 juillet en l’accompagnant d’un programme arrêté, défini, et c’est précisément parce que M. le maréchal de Mac-Mahon est à l’abri de tout soupçon de coup d’état qu’il a le droit de parler avec une netteté plus décisive, de poser plus catégoriquement la question devant l’assemblée.

Après cela, il est bien clair que cette politique aurait besoin d’être soutenue avec toute l’autorité d’un ministère recomposé de façon à pouvoir se mesurer avec une situation toujours difficile. Si l’on pouvait choisir, ce qu’il y aurait de mieux serait de créer un cabinet de circonstance, ce qu’on pourrait nommer le cabinet de l’organisation constitutionnelle, en appelant les chefs des divers groupes parlementaires, — bien entendu ceux qui sont d’accord sur cette nécessité première d’une organisation, — à réaliser ensemble l’œuvre commune. Assurément un ministère ainsi fait, qui porterait au pouvoir non-seulement une idée politique, mais une pensée de rapprochement patriotique et d’abnégation, ce ministère aurait sur l’opinion comme sur l’assemblée la plus sérieuse influence morale. Il serait, aux yeux de tous, ne fût-ce que temporairement, l’image vivante d’une conciliation supérieure, de cette trêve dont on parle toujours en la pratiquant si peu. A défaut de cette combinaison, toute de circonstance, nous en convenons, et qui mériterait d’être tentée, ce n’est point dans tous les cas au ministère, tel qu’il est encore, que peut revenir une si délicate et si épineuse mission. Il le sait lui-même, il est trop visiblement insuffisant. C’était un ministère de vacances, il a fait son temps. Si la droite, ralliée aux lois constitutionnelles, doit avoir sa part dans le gouvernement, elle n’aura aucune peine à trouver, pour la représenter avec plus d’avantage, d’autres hommes que M. de Cumont et M. Tailhand. Si la droite se refuse à tout, il y a encore moins de raison pour que M. le ministre de l’instruction publique et M. le garde des sceaux restent à une place où ils ont dû être assez étonnés de se trouver un jour. Lorsque M. de Cumont, en sa qualité de ministre des beaux-arts, aura ouvert le nouvel Opéra, il aura sa page dans l’histoire, son consulat sera complet ! De toutes les manières,