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qu’il est bon de signaler. Par. intervalles ; elle est en retraite pour le nombre des établissemens, mais ce n’est qu’une apparence. Pendant que les fabriques diminuent de quelques unités, la progression demeure constante sur le chiffre de la production et la somme des affaires. Cela provient d’une convenance dans la fabrication et d’un changement dans la main-d’œuvre. Tant que le travail à la main a dominé, les petits fabricans pouvaient lutter avec un certain profit ; à l’apparition des premiers perfectionnemens mécaniques, ils ont dû céder la place à des fabricans plus riches et mieux armés qu’eux. C’est le sort et la loi de toutes les industries qui par de meilleurs procédés vont à la recherche d’une production plus économique ; c’est ce qu’on a nommé le combat pour la vie : les faibles succombent, les forts seuls survivent. Au milieu de ces alternatives, l’être de raison que l’on nomme une industrie puise sa substance à la fois dans les ruines des uns et dans les succès des autres sans tenir compte de la joie ni des larmes de ceux qu’elle a comblés ou écrasés. Elle continue son chemin, et voici les étapes qui ont été assignées par les documens les plus exacts à l’industrie des toiles peintes.

A l’origine, ce n’est guère qu’un embryon. De 1746 à 1756, on ne compte en moyenne qu’une production de 600,000 mètres d’indiennes. Les périodes décennales qui suivent atteignent ou dépassent à peine 1 million de mètres ; on monte à 2 millions dans la période de 1786, à 3 millions dans la période de 1796 ; le siècle finit ainsi, et celui qui commence ne s’éloigne pas de ces proportions modestes. La période décennale de 1806 à 1816 n’accuse que 3,500,000 mètres en moyenne et celle qui finit en 1826 porte ce chiffre à 3,750,000 mètres seulement ; mais, la paix aidant et les ruines de la guerre une fois réparées, le Haut-Rhin va prendre un essor nouveau et attester sa puissance par d’autres chiffres. En 1828, on y comptait vingt-sept fabriques d’indiennes imprimant annuellement 18 millions de mètres d’une valeur totale de 38 millions de francs. En 1836, leur nombre s’élève à trente-cinq, — c’est le plus fort qu’elles aient atteint, — et il commence à diminuer pour tomber à vingt en 1847. En revanche, dans cette même année, la production s’élève à 38 millions de mètres, valant 40 millions de francs. Il restait encore en 1862 dix-huit fabriques faisant pour 50 millions d’affaires, et en 1867 quatorze seulement, livrant chaque année 61 millions de mètres imprimés à la machine ; plus 5 millions de mètres imprimés à la main, le tout pouvant être estimé à une valeur de 66 millions de francs. Du rapprochement des prix, il ressort ceci, qu’en 1848 la valeur moyenne du mètre d’étoffe imprimée est de 2 fr. 11 cent, lorsqu’elle n’est plus que de 1 franc en 1867,