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LES FINANCES
DE L'AUTRICHE-HONGRIE

L’histoire financière est plus que jamais l’histoire politique des états. Le bon aménagement des recettes et des dépenses constate la bonne direction donnée à l’administration et au gouvernement : l’équilibre maintenu entre le doit et l’avoir témoigne de l’accord qui règne entre l’autorité souveraine et le peuple qui lui obéit. comme cet équilibre n’est pas l’affaire d’un jour, ni le résultat d’un hasard heureux, partout où il existe, on doit en conclure à une harmonie prolongée entre les aspirations des citoyens et leurs conditions présentes, à une entente durable entre eux et leurs chefs sur la politique du dedans et du dehors. Trop rares malheureusement seraient les exemples qu’on pourrait citer à l’appui de cette vérité banale, et, à part deux ou trois grands états en Europe qui donnent le spectacle de l’ordre politique et financier, chez combien d’autres au contraire les déficits annuels des budgets n’accusent-ils pas un malaise social des plus graves ! Ces maux toutefois ne sont pas toujours sans remède, et l’on peut signaler des pays qui, atteints par des catastrophes cruelles, se relèvent peu à peu et regagnent avec de nouvelles forces la prospérité un moment compromise. Il arrive même que, plus la chute a été rapide et profonde, plus vite le relèvement s’opère, comme si une épreuve avait été nécessaire pour faire connaître à la nation frappée l’énergie qu’elle possède :

Et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert.

La facilité de réparer les fautes commises, d’effacer les traces des désastres, qui est le propre seulement des nations saines et