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donc en 1874 payé pour les intérêts de sa dette, en chiffres ronds, 200 millions. En y joignant l’amortissement du service des lots, les dotations et les pensions, qui sont aussi des dettes, on trouve dans les comptes réglés de 1873 une dépense effective de 275 millions.

A côté de la dette consolidée, quel est le chiffre de la dette flottante ? Depuis l’établissement du dualisme, il n’a guère varié et se monte régulièrement à 1 milliard 30 millions de francs. La dette flottante se compose de bons hypothécaires garantis sur les salines de l’état, dont l’intérêt varie de 4 à 6 pour 100 selon les délais de remboursement, et de billets d’état qui sont une véritable monnaie de papier, puisqu’ils ne portent pas d’intérêt et s’échangent au pair contre les billets de la Banque nationale : c’est un retour déguisé à l’émission du papier, que l’état s’était interdite en substituant le papier de la Banque au sien ; mais, comme l’usage en est limité, la circulation s’en fait sans perte. L’émission des bons hypothécaires et des billets d’état ne peut pas dépasser ensemble 400 millions de florins, et, comme le gouvernement substitue de plus en plus les billets d’état, qui ne lui coûtent rien, aux bons hypothécaires, le service de la dette flottante en 1874 n’a pas dépassé 4 millions 1/2 de francs. C’est une charge légère à laquelle la Hongrie n’a pris aucune part, non plus qu’à la dette envers la Banque.

Après l’importance de la dette, ce qui caractérise plus que tout la situation financière d’un état, c’est l’équilibre du budget. Depuis 1867, l’Autriche a réalisé sous ce rapport de visibles progrès, tant par la modération des dépenses que par l’augmentation des recettes. Le premier article des dépenses est celui qui a trait aux intérêts communs à l’Autriche et à la Hongrie, et qui est voté par les délégations des deux parlemens de Vienne et de Pesth, siégeant alternativement dans chacune des deux capitales, à côté d’un ministère spécial. Les services communs comprennent la dette, la guerre, la marine et les affaires étrangères. A ces dépenses communes sont affectés d’abord les produits des douanes ; comme il n’existe plus de barrière entre les deux états séparés par la Leitha, les droits d’entrée des produits étrangers appartiennent à la communauté. Chacune des deux moitiés de l’empire-royaume contribue pour le surplus aux dépenses dont il s’agit, l’Autriche pour 70 pour 100, la Hongrie pour 30.

Le dernier budget de prévision en 1867 pour l’empire, la Hongrie comprise, s’élevait en dépenses ordinaires à 1 milliard 84 millions, et en recettes à 1 milliard 18 millions, avec un déficit prévu de 66 millions ; après le règlement des comptes du même exercice, le déficit atteignit la somme de 175 millions. Cinq ans plus tard,