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à l’imitation de ce que d’autres pays ont fait dans des circonstances analogues. Ses projets ont soulevé tout d’abord la plus vive opposition ; la chambre des avocats de Pesth, le club des industriels, le club radical, ont commencé le mouvement que dans les provinces les corps constitués ont suivi. La pressé de toute couleur s’est montrée hostile, le Pester Lloyd, le journal le plus répandu, la Réforme, organe de M. Lonyay, le Pesti-Naplo, dévoué au gouvernement, se sont montrés contraires au plan de M. Ghyczy. L’impôt nouveau sur les transports par chemins de fer et bateaux à vapeur suscite toute sorte d’objections ; frapper les billets de voyageurs de 10 pour 100 et sans décharger même les compagnies de l’impôt industriel semble une conception malheureuse dans un pays où le produit des chemins de fer se développe si peu. Le revenu des sociétés de crédit, l’intérêt même des fonds déposés aux caisses d’épargne, seraient passibles d’un impôt de 3 pour 100. Pour fuir ces éventualités, plusieurs sociétés ont menacé de transporter à Vienne le siège de leur administration. L’exercice de toutes les industries devrait être frappé d’un droit de 10 pour 100, le fisc évaluant le revenu de chacune d’elles par la capitalisation au sextuple du prix des loyers industriels et personnels. A côté des nouveaux impôts, bien trop onéreux au dire des intéressés, d’autres sont proposés des plus vexatoires dans la forme. C’est ainsi que celui destiné à faire contribuer les chasseurs au revenu général les astreint à des recherches minutieuses sur le nombre d’armes qu’ils possèdent, et leur ferait payer 1 ou 2 florins par chaque fusil. Encore tout cela ne suffirait pas à couvrir le déficit de 1875, et selon les prévisions du ministre la récente émission des obligations de l’état est destinée à cet emploi. Sans entrer dans la discussion de chacun des nouveaux impôts proposés, sans chercher ceux qu’il serait plus utile de leur substituer, le simple rapprochement des chiffres de recettes, tels que les comptes des exercices réglés les présentent, démontre jusqu’à la dernière évidence le peu d’élasticité que la Transleithanie offre pour l’accroissement normal du revenu public. De 1869 à 1872, les recettes n’ont varié que de 438 millions à 462. Toutefois, si l’on décompose ces chiffres, on est frappé de voir un article de recettes très élevé dans la première et la seconde de ces quatre années, celui des mines et monnayage, tomber de 93 et 86 millions à 23 et 39 dans les deux dernières. Malgré ces variations qui correspondent à des variations analogues dans les dépenses de même nature, le produit de cet article est resté à peu près le même. Heureusement, à côté de cette diminution apparente d’un chiffre de recettes compensée par une réduction de dépenses, figurent des augmentations très réelles dans le chiffre des impôts directs et indirects, ce qui