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SOUVENIRS
D'UN VOYAGE SCOLAIRE
EN ALLEMAGNE

LE PATRIOTISME DANS L'ENSEIGNEMENT

Quand les problèmes politiques occupent l’attention générale, il est naturel que l’intérêt qui s’attache aux questions d’enseignement se ralentisse, ou que l’esprit de parti s’en empare pour les obscurcir et pour les fausser. En publiant les études qui vont suivre, je m’adresse à ceux qui, n’ayant point perdu de vue ces importantes et difficiles questions, cherchent en dehors de toute idée préconçue les moyens de préparer aux générations nouvelles une éducation plus forte et une instruction plus solide. Je m’abstiendrai en général de toute polémique, bornant mon rôle à celui de narrateur, et laissant parler avant tout les faits. Je voudrais exposer quelle est l’organisation actuelle de l’instruction publique dans un pays qui mérite doublement de fixer notre attention, puisqu’il est celui qui a le plus fait en Europe pour la diffusion de l’enseignement, et puisqu’il attribue à ses écoles, non sans raison, une partie des succès qu’il a remportés sur nous.

Quoiqu’il m’en coûte un peu d’entrer en scène de ma personne, un mot sur l’origine de ce travail est nécessaire. Depuis longtemps je désirais compléter et remettre à jour la connaissance que j’avais acquise autrefois de l’enseignement allemand quand j’étais étudiant en 1858 et 1859 à l’université de Berlin. Informé de mon désir, M. Jules Simon, alors ministre de l’instruction publique, mit à ma