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de la Lampe merveilleuse. Ils sont maigres et bronzés, avec d’immenses ailes noires. L’un d’eux vole dans l’espace accompagné d’un petit amour joufflu qui tient un bout de draperie rose d’un ton très fin. Ce rose, posé à côté du noir des ailes et du bleu ardent du ciel, donne un effet de couleur très personnel. Les mosaïques représentent Diane et Endymion, Orphée et Eurydice, l’Aurore et Céphale, Psyché et Mercure. Il n’y a pas à se tromper, les noms y sont, et inscrits en grec. Malgré une recherche d’archaïsme manifeste, M. Curzon n’est point parvenu à atteindre au style dans ses figures.

C’est M. Pils qui a peint les caissons de la voûte du grand escalier. Au premier aspect et encore qu’elles plafonnent mal à cause de l’oubli des lois les plus élémentaires de la perspective décorative, ces grandes figures allégoriques font un certain effet. L’œil est attiré par cette composition théâtrale et mouvementée, et par ces violentes oppositions de tons dans une gamme de couleurs dures, d’autant plus accentuée qu’elle ressort sur le blanc de l’entablement et des arcades supérieures. La mer d’or du foyer est un cadre un peu trop éclatant pour les peintures des plafonds et des voussures ; la vaste nappe blanche de l’escalier n’est pas non plus de nature à faire valoir les peintures de la voûte. Les trumeaux du XVIIIe siècle s’accommodaient fort bien d’une bordure blanche, rechampie d’ailleurs le plus souvent de filets d’or, roses ou vert tendre ; mais, sans parler des camaïeux appropriés exactement à la tonalité générale de la pièce, ces peintures avaient des nuances claires, des touches légères, des tons vaporeux qui restaient dans le cadre ; elles n’en sortaient pas et n’y rentraient pas, elles n’y faisaient ni trous ni saillies comme les taches trop vigoureuses des peintures de M. Pils. Si au moins ces peintures avaient l’éclat et la lumière, on leur pardonnerait aisément leur tonalité brutale ; mais lumière et éclat y manquent également. Cela tient surtout à ce que le peintre, sans doute dans une recherche d’effet original dont il faut lui tenir compte, a éclairé toutes ces figures par derrière au lieu de les éclairer par devant ou obliquement. Ainsi draperies, torses, bras, faces, tout est dans une demi-teinte fausse et terne. Seul, le bord des contours est léché par la lumière. Nous avons déjà vu de ces tentatives dans des peintures décoratives qui, faisant mouvoir leurs figures dans le ciel, devraient logiquement être éclairées par derrière. Et ces figures qui sont comme transparentes nous ont toujours rappelé les lanternes vénitiennes. C’est de l’illumination, soit ; ce n’est pas de la lumière.

Dans le caisson de droite, M. Pils a représenté les dieux de l’Olympe, et plus spécialement la naissance du cheval, don de Neptune, et la création de l’olivier, don de Minerve. Au centre de la composition, la Renommée planant dans le ciel couronne une Mi-