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nous d’apprécier en quelques mots la grande œuvre dont le marquis de Dalhousie a été l’initiateur. Les questions de finance, de systèmes de construction et d’exploitation disparaissent devant des considérations d’un ordre plus élevé. En donnant à l’Inde des brahmanes en moins de vingt ans un réseau presque complet de voies ferrées, l’Angleterre a décidément pris pied sur cette terre immuable. Les rails et la vapeur, qui côtoient aujourd’hui le Gange et I’Indus, y prodigueront à pleines mains, comme partout sur le globe, des semences de progrès matériel et moral, de vraie civilisation. Le conquérant qui a doté ses sujets d’un réseau ferré de plus de 5,000 milles (8,000 kilomètres) a mené à bonne fin une œuvre sans précédent dans les annales des siècles, et l’histoire doit constater avec impartialité que dans les vingt dernières années nos voisins se sont montrés vraiment dignes des faveurs que depuis cent ans la fortune leur prodigue sur la terre d’Asie.


II.

Les tableaux statistiques de l’empire anglo-indien en 1871-72 donnent à l’exportation pour les grands ports de Karrachi, Bombay, Madras, Calcutta, Moulmein, Rangoun, le chiffre considérable de 1 milliard 616 millions de francs. Les importations pour les mêmes ports, pendant le même exercice, s’élèvent à 1 milliard 66 millions. Les chiffres des neuf années antérieures indiquent clairement la puissance avec laquelle les événemens politiques extérieurs se font sentir dans les transactions commerciales de l’Inde. Pendant la guerre de la sécession, qui donne une impulsion énorme à la culture du coton, les exportations atteignent le maximum de la période. Les guerres européennes de 1866 et de 1870 jettent le malaise et l’effroi sur tous les marchés du monde ; avec la paix, les affaires renaissent, et les chiffres du commerce maritime en 1871-1872 diffèrent peu de ceux de la crise américaine.

Le port de Calcutta tient toujours le premier rang dans le mouvement commercial de l’Inde, et les importations en 1871-72 s’élèvent à 494 millions de francs, les exportations à 696 millions. Le commerce sur les bords de l’Hougly suit une marche croissante, et l’année 1872, comparée à la première de la période décennale, donne une augmentation de 137 millions de francs à l’importation, de 311 millions à l’exportation. Il n’en est pas de même au port de Bombay, dont les exportations pendant la fièvre du coton (1864-1865) atteignent presque 1 milliard, pour retomber pendant le dernier exercice au-dessous du chiffre de 1863. Le document décennal donne en 1872 261 millions pour les importations à Bombay et