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Le riz est le grand article d’exportation de l’Inde, sinon comme valeur, du moins comme quantité, et atteint un total de plus de 850,000 tonneaux en 1871-1872. Plus de la moitié de ce chiffre appartient à la Birmanie anglaise, territoire annexé au domaine anglais depuis environ vingt ans. Le riz de Rangoun et de Moulmem fait non-seulement concurrence au riz de Saigon et de Bankok sur le marché européen, mais encore lui dispute les principaux marchés de la Chine, ceux de Maurice et de l’île Bourbon. La spéculation anglaise ne néglige rien pour donner au commerce du riz de Birmanie tout le développement dont il est susceptible, et l’on compte en ce moment autour des deux centres européens du pays seize moulins à nettoyer le riz, de récente création, et munis des appareils les plus perfectionnés.

Le jute (chanvre du Bengale), qui croît à l’état sauvage dans le delta du Bengale oriental compris entre le Brahmapoutra et le Gange, n’a commencé à figurer d’une manière sensible dans le mouvement maritime de Calcutta que vers l’époque de la guerre de la sécession. Le jute est apporté par les cultivateurs natifs sur les marchés de Seraogunge, Naragunge, Dana, d’où il est expédié sur Calcutta, et de là vers l’Europe. La ville de Dundee, en Écosse, tient la tête dans le Royaume-Uni pour la fabrication des articles de jute : cordes et cordages, toiles, tapis communs. Les établissemens de MM. Cox frères, qui emploient 3,000 chevaux de vapeur, plus de 2,000 ouvriers, font des transports de jute sur leurs propres steamers, et ne le cèdent en rien aux plus gigantesques établissemens de Manchester et de Birmingham. Le jute est aussi utilisé dans l’Inde pour la fabrication de sacs qui servent à contenir le riz et s’expédient en énormes quantités (5,112,421 sacs) en Birmanie, Chine et Amérique.

Le thé, comme toutes les choses de l’Asie, a sa légende. Un dévot indien, du nom de Durma, qui vivait cinq cents ans environ avant l’ère chrétienne, touché de l’ignorance religieuse des habitans du Céleste-Empire, entreprit de leur révéler la parole divine. Indifférent aux conforts du voyage, le saint homme partit sans provisions, et un jour, épuisé de faim et de fatigue, tomba sur la terre et s’endormit. À son réveil, honteux d’avoir cédé même pour un instant aux besoins de la nature, Durma s’arracha les sourcils en manière de châtiment, et les jeta autour de lui. Immédiatement les poils se transformèrent en arbustes gracieux et feuillus ; le voyageur émerveillé goûta les feuilles qui l’entouraient, et s’aperçut bientôt qu’elles rendaient la vigueur à son corps et à son esprit. La réputation de sainteté de Durma ne tarda pas à se répandre dans le pays, il eut de nombreux disciples qu’il engagea à faire usage de la