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loin de donner la production totale du thé dans l’Inde. Le thé des districts de l’Himalaya trouvé sur place, dans le Thibet et l’Afghanistan, un marché avantageux, et n’entre pour rien dans le total des exportations par mer. Le thé d’Assam s’est fait une part considérable dans la consommation indienne, et fournit notamment les approvisionnemens de l’armée européenne. Ces résultats font assez présager le rang important que le thé doit prendre un jour dans les transactions commerciales de l’Inde et de la métropole.

La culture du café, spéciale à la présidence de Madras, est d’origine assez ancienne, et une tradition locale raconte que l’arbuste fut introduit sur le plateau de Mysore par un pèlerin qui rapporta sept grains de café de La Mecque ; mais ce ne fut que dans les dernières vingt années que le café entra pour une part notable dans les exportations anglo-indiennes, grâce à l’abolition d’un droit assez considérable qui grevait le commerce de la fève aromatique. Les plantations de café sont exclusivement situées dans le Mysore, les Neilgherries, les districts de Coorg et de Wyniad, sur des versans à une hauteur de 3,000 à 4,000 pieds au-dessus du niveau de la mer. Cette agriculture industrielle sous un climat favorable aux constitutions européennes, où pendant toute la mousson du sud-ouest le planteur peut inspecter toute la journée ses travaux sans redouter les atteintes du soleil, devait attirer l’attention des anciens officiers anglo-indiens désireux d’occuper les loisirs de leur retraite. Aussi parmi les planteurs compte-t-on grand nombre de vétérans de l’armée de l’honorable compagnie des Indes. En 1872, on a exporté 27 millions de kilogrammes de café, représentant 34 millions de francs. Le tableau suivant donnera une idée de l’essor qu’a pris depuis trente ans la culture du jute, du thé et du café dans l’Inde anglaise.

Exportation
Années Jute en laine Thé Café
1842 24,941 liv. st. 17,244 liv. st. 74,957 liv. st.
1852 180, 976 59,220 84,306
1862 537,610 192,242 462, 380
1872 4,299,767 1,482,186 1,380, 410

L’usage du coton dans l’Inde, où la plante textile rencontre des conditions exceptionnellement favorables de sol, de climat et de main-d’œuvre, remonte aux premiers âges. Ce ne fut toutefois que sous l’influence d’événemens extérieurs et imprévus, la guerre de la sécession, que la culture du coton a pris un grand essor dans le domaine anglo-indien. Il est à remarquer que la compagnie des Indes, peu soucieuse comme elle l’était de favoriser la cause des progrès matériels, porta dès le début à la question cotonnière un