Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 8.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ses prédécesseurs. Depuis la création de l’université, quinze princes de la maison de Nassau ont fait leurs études dans cette université, à laquelle le Taciturne avait confié et recommandé son fils par une lettre que nous relisait le matin même M. Heynsius. Ce sont là des liens que ni d’une part ni de l’autre on n’oublie.

On risquerait de lasser la patience en poursuivant jusqu’au bout, dans ce détail, le récit de ces fêtes. Le 9, c’était une seconde séance au temple; le nouveau recteur, M. Buys, un économiste, prononçait en hollandais un discours qui fut des mieux accueillis; nous n’en avions pas la traduction. Il proclamait aussi les noms des savans étrangers auxquels, à l’occasion de son jubilé, l’université conférait le titre de docteur honoris causa. Parmi eux figuraient MM. Descloizeaux, Defrémery, Milne Edwards, Régnault et Littré, membres de l’Institut de France. De tous ces noms, les mieux accueillis furent ceux de MM. Darwin et Littré. Il faut aller à Leyde pour entendre applaudir dans une église, fût-elle protestante, MM. Darwin et Littré. La faculté de théologie avait désigné pour ce même honneur M. Athanase Coquerel. C’en est assez pour faire comprendre quel esprit règne aujourd’hui dans cette université, où domina jadis pendant un certain temps la sombre doctrine de Gomar, le calvinisme tel que l’a formulé le synode de Dordrecht.

Ce jour-là, on dîna par groupes chez divers professeurs. C’était un repos de causer à mi-voix, sans écouter, sans faire de discours; mais le soir, à la réception des curateurs, les harangues recommencèrent de plus belle. En quelques mots pleins de grâce et d’aménité, le président du collège, M. Gevers, nous invita à revenir, et nous expliqua le sujet de la médaille commémorative qu’il avait fait frapper à l’occasion du centenaire; on nous en fit ensuite la distribution.

Le 10, on jouit paresseusement de sa matinée, on se partagea entre la bibliothèque et les musées que possède la ville, musée d’histoire naturelle, musée japonais, musée d’antiquités; on se visita mutuellement. En revanche, la soirée devait être bien remplie: dîner, à une lieue de Leyde, chez le prince Frédéric, dont les traits aimables et fins nous avaient frappés la veille, puis représentation de gala au théâtre, enfin soirée d’adieu au cercle des étudians. On nous permettra de ne décrire ni le parc du prince, tout entier illuminé en l’honneur de ses hôtes, ni l’ordonnance du repas. Au moment où commençaient les discours arriva la reine, personne d’une rare distinction, qui est dans son royaume toujours et partout la bienvenue. On se sépara assez tard. De l’opéra, nous n’entendîmes que le dernier acte ; mais nous vîmes la petite pièce, un vaudeville du Palais-Royal, la Grammaire, C’était M. Cobet qui