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gagnait rien pour sa cause, qu’elle ouvrait la porte à d’autres prétentions, à un autre parti qu’on avait en quelque sorte introduit dans la place, dont on avait eu la faiblesse d’accepter le concours pour faire le 24 mai.

Qu’est-il arrivé en effet? La politique n’a plus été qu’une succession de malentendus et de conflits obscurs. La république est restée un mot, un objet de dispute. Le septennat n’a point été organisé, rien n’est plus vrai; les affaires de la restauration ne s’en sont pas mieux trouvées, elles n’ont cessé au contraire d’être compromises, et l’empire seul, payant d’audace, a profité de toutes les circonstances. Il a reparu partout comme s’il n’avait pas été frappé par un vote qui le déclarait responsable des malheurs du pays. Il a triomphé ou il a eu l’air de triompher dans l’impuissance universelle; il a brigué les candidatures et l’influence, exploitant les divisions, se croyant déjà maître du terrain. Le parti bonapartiste s’est servi de son ancienne clientèle, de ses relations pour renouer tous les fils d’une organisation redoutable. C’est là le résultat de l’opposition chagrine, aveugle, que les royalistes n’ont cessé de faire à tout ce qui a été tenté depuis un an, aux ministères les plus complaisans pour leurs préjugés, aux messages de M. le maréchal de Mac-Mahon lui-même. Ils ont travaillé pour d’autres, si bien que le moment est venu où la question s’est trouvée posée, non plus entre la monarchie traditionnelle et la république, mais entre la république et l’empire.

Que les royalistes se soient obstinés à ne voir dans la loi du 20 novembre 1873 qu’un expédient destiné à pallier leur défaite de la veille et un moyen de prolonger le provisoire, qu’ils ne se soient pas souvenus qu’en acceptant le septennat ils avaient voté aussi la promesse des lois constitutionnelles qui devaient le compléter, qu’ils n’aient point aperçu les conséquences d’une politique d’illusions, ils étaient libres, ils ont l’habitude de ne rien voir. Que pouvait faire de son côté un parti éclairé et libéral qui, en se prêtant à la restauration de la monarchie tant qu’elle a paru possible, n’entendait sûrement sacrifier les garanties d’un régime modéré ni à une royauté sans conditions et sans limites, ni aux prétentions du césarisme renaissant? Son choix était tout indiqué par ses opinions comme par ses engagemens, et lorsque les royalistes de l’assemblée crient aujourd’hui à la trahison, à la défection du centre droit, ils se livrent à des déclamations parfaitement vaines, ils oublient tout ce qui s’est passé depuis quinze mois. Certes le centre droit a poussé la longanimité jusqu’à la limite la plus extrême. Tant qu’il a cru pouvoir arriver à une organisation constitutionnelle de concert avec la droite, il n’a pas ménagé les concessions. Il a négocié, atermoyé, et jusqu’au dernier moment il a hésité à se séparer de ses anciens alliés. Le jour où il a vu qu’il n’y avait plus rien à