Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 8.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la première question et pose dès à présent d’excellentes bases pour permettre un jour de résoudre la seconde. Sans vouloir prétendre que la France soit, à l’égard des mines, aussi heureusement partagée que certaines contrées voisines, l’auteur s’attache à prouver, en établissant l’inventaire le plus consciencieux, que nos richesses minérales, souvent oubliées ou méconnues, pourraient alimenter une exploitation beaucoup plus active. Ceux-là même qui ne pourraient accepter sans réserves quelques vues théoriques ou qui voudraient contester quelques assertions de détail reconnaîtront la haute valeur d’un travail qui coordonne une multitude de faits observés avec un soin scrupuleux et une entière indépendance d’esprit.

Des descriptions plus ou moins complètes ont à diverses reprises énuméré les ressources minérales de la France tantôt dans un tableau d’ensemble, tantôt dans des esquisses spéciales. Agricola et Garrault au XVIe siècle, le baron de Beausoleil sous Richelieu, Hellot et de Genssane au milieu du siècle dernier, ont avec bien d’autres consacré à cette œuvre des talens éminens. Un essai de statistique méthodique a été tenté de 1836 à 1846 dans les Comptes-rendus des travaux des ingénieurs de l’état. Enfin géologues et ingénieurs ont consigné dans de nombreux mémoires les résultats d’investigations scientifiques et de recherches pratiques. Si l’on réfléchit en effet à l’importance croissante des métaux et des combustibles minéraux dans le développement de la richesse et de la puissance des nations, on comprend tout l’intérêt qui s’attache à l’étude de la composition ou de la nature des dépôts, de l’allure qu’ils présentent au sein de la terre ou du mode de formation qui leur a donné naissance. Sur ce dernier point, diverses théories ont été émises, et la science est loin d’avoir résolu tous les problèmes. On peut toutefois regarder les filons comme des fentes remplies sous l’influence du métamorphisme, considéré dans la plus large acception du mot, par une sorte d’exsudation des couches latérales ou sous-jacentes qu’imprègnent les substances métallifères disséminées dans leur masse. Quant à la pauvreté de certains gisemens, on ne saurait trop insister sur la nécessité de la préparation mécanique des minerais. S’appuyant sur l’exemple des roches stannifères du Cornouailles, inexploitables sans le lavage, qui écarte la plus grande partie de la gangue rocheuse et réduit 50 tonnes de minerai à 1 tonne soumise seule à la fusion, M. Caillaux estime que c’est à l’absence de moyens puissans de préparation mécanique qu’il faut surtout attribuer la langueur où végètent nos exploitations d’étain dans la Bretagne, si analogue au Cornouailles, comme dans le Limousin, si renommé à l’époque celtique. Il en serait de même pour l’or, que les Gaulois trouvaient non-seulement parmi les graviers de nos rivières, mais encore au sein des roches quartzeuses, abondamment répandues dans le plateau central ou les Pyrénées, et dont un broyage suffisant