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trop méconnues, seraient susceptibles d’exploitations très profitables, maintenant que le mineur est armé de moyens de travail si puissans. Ainsi, en Alsace-Lorraine, les Vosges ont présenté des mines fort productives jusqu’aux désastres de la guerre de trente ans; réunies à la France de Louis XIV, elles n’ont pu retrouver leur prospérité antérieure. Celles de la Franche-Comté, florissantes sous la domination espagnole, ont rapidement décliné depuis le XVIIe siècle. Le plateau central, le Limousin, l’Auvergne et surtout le Rouergue renferment des richesses inexploitées depuis les guerres de religion, mais que révèlent, même en dehors des anciens travaux, des découvertes souvent renouvelées. Telles sont les mines de cuivre de la Prugne, dans l’Allier, les gîtes de calamine de Saint-Laurent-le-Minier, dans le Gard, les filons de Sainbel, dans le Rhône, qui s’enrichissent si notablement dans la profondeur au-dessous des travaux poursuivis par Jacques Cœur. On peut regarder comme certain que l’étude des régions où de nombreux faisceaux métallifères se croisent et se coupent fera reconnaître des gisemens productifs, surtout si l’on se rappelle la faible profondeur à laquelle les recherches ont été généralement conduites ; mais indépendamment de découvertes toujours rares et chanceuses on trouvera de sûrs élémens de succès soit dans la reprise judicieuse d’anciens travaux abandonnés après une exploitation sans souci de l’avenir ou par suite de l’imperfection dans les méthodes de travail, soit dans un meilleur emploi des procédés mécaniques pour enrichir les minerais avant de les traiter dans les fours, soit enfin dans l’ouverture ou l’amélioration des voies de communication dans les districts miniers dont les richesses sont stérilisées par leur isolement.

« L’or pourrait disparaître, a dit M. Michel Chevalier, sans que la civilisation en fût troublée; mais si demain, par l’effet d’un prodige subit, le fer venait à nous être ravi, ce serait une indescriptible calamité; tout rétrograderait, et la civilisation du même coup serait frappée d’impuissance. » Heureusement nos mines de fer sont dans une situation meilleure que celle de nos autres mines métalliques. Autrefois le fer, que les Gaulois fabriquaient avec peine, était réservé pour la confection des armes. L’absence de routes a longtemps maintenu les exploitations disséminées dans les forêts sur les gisemens eux-mêmes. Les forges ne s’établirent avec fixité que quand on sut utiliser les chutes d’eau comme force motrice ou agent de ventilation. Aussi le moyen âge, et surtout le XIIe siècle, est-il une période florissante pour la sidérurgie : partout s’élevaient alors des forges et des épèeries; déjà même dans les Ardennes on savait couler la fonte, comme en témoignent encore tant de vieilles plaques de foyer au millésime de 1140. Toutefois le haut-fourneau, construit spécialement pour la production de la fonte, n’apparaît qu’avec le XVIe siècle. Ce fut le point de départ de progrès notables dans la fabrication