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moment des caravanes annuelles de Maroc, de Tunis et de Tripolitaine. Il présentera des échantillons de tous les produits que la France peut offrir aux négocians sahariens et soudaniens en concurrence avec ceux de l’Angleterre. » La chambre de commerce d’Alger demanda des informations à nos agens consulaires de Mogador, Tripoli et Tunis sur la valeur des transactions habituelles de ces états et de la région à explorer. Notre consul de Tunis répondit que le commerce n’existait plus ; il était alimenté autrefois par des caravanes de Ghadamez. Les esclaves étaient l’objet principal de trafic, puis l’ivoire, la poudre d’or, les plumes d’autruche ; les importations consistaient en cotonnades, armes, poudre à fusil, verroterie et tous produits manufacturés. De Tripoli, notre consul écrivait qu’il y aurait pour l’Algérie avantage à reprendre le commerce très important avec le sud, dont Tripoli est une des têtes de ligne. Le chiffre des exportations s’élevait pour Tripoli seul à 13 millions de francs pendant les trois dernières années. L’ivoire y entrait pour 6 millions 1/2 : c’est, on le voit, le principal produit d’exportation. Venaient ensuite les plumes d’autruche, s’élevant à la somme de 5 millions passés. L’importation pendant la même période de temps avait produit 4 millions 1/2 de francs en verroteries, calicots, draps et articles divers. Les exportations étaient actuellement plus élevées que les importations, parce que la sécurité des routes manquait ; autrement elles atteindraient des proportions considérables. — Au dernier moment » la chambre de commerce d’Alger, ayant appris la présence à Constantine de quatre négocians d’In-Çalah, leur fit demander s’ils consentiraient à entrer en relations suivies : ils acceptèrent.

Enfin le voyage étant préparé, les lettres de recommandation envoyées, M. Soleillet partit le 27 décembre 1873 pour Laghouat. Il put, avant son départ, recevoir une lettre de M. Dournaux-Duperé, qui l’engageait à passer par Ouargla, où il trouverait près de l’agha des renseignemens précieux. Il apprit en effet de Ben-Driss que les deux familles influentes d’In-Çalah étaient les Ouled-Moktar et les Ouled-Boudjouda, dont il devait, par des présens, s’assurer la protection. D’Ouargla, M. Soleillet vint à El-Goléah, point extrême où nos armes soient parvenues dans le sud. Il arriva enfin au Tidikelt, devant un queçar verdoyant : c’était l’oasis d’In-Çalah, la terre promise ; mais, nouveau Moïse, M. Soleillet devait la voir sans y pénétrer. Malgré ses efforts persistans, les présens qu’il envoya, l’amitié qui unissait un de ses serviteurs avec El-Hadj-Abd-el-Ka-der, cheik d’In-Çalah, la djemmâa d’In-Çalah, prétextant les ordres de l’empereur du Maroc, refusa avec des menaces l’accès du queçar à l’explorateur. Elle engagea le chrétien à quitter le pays