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reconnut lui-même l’opportunité d’enlever un des jeunes arbres sur deux.

Des semis successifs ou des repiquages de chênes verts ou blancs portèrent le peuplement total, à la date de 1862, jusqu’au chiffre de 7 hectares 80 ares. Dans l’intervalle, la récolte des truffes avait commencé sur les lots les plus anciens ; le semis de 1848 donna trois truffes dans l’hiver de 1852-53 ; en 1853-54, cinquième année, 4 kilogrammes, l’année d’après 15 kilogrammes de belles et grosses truffes qui figurèrent à l’exposition universelle de 1855 et firent sensation dans le monde des agriculteurs à cause de leur origine. La médaille de 1re classe, accordée à ce produit par le jury, s’appliquait néanmoins non pas aux truffières artificielles, mais aux conserves de truffes exposées par M. Rousseau. Dès ce moment, grâce à la presse parisienne, l’attention se porta vivement sur cette branche de culture, qui semblait se révéler comme nouvelle. Un rapport de M. le comte de Gasparin sur les truffières du Puits-du-Plant vint donner en 1856 une sorte de consécration à l’excellence du procédé de Talon, popularisé par M. Rousseau. A la date de 1867-68, en dix-neuf ans, dont douze à peine de récolte effective, les sept premières ne comptant guère pour la production, le revenu des 7 hectares 80 ares se traduisait par 2, 802k, 90 de truffes vendus 39,421 fr„ sans compter 3,015 francs de produit des vignes cultivées dans les intervalles des lignes de chênes. Notons que, sur cette étendue de culture, une part seulement (2 hectares) remonte comme semis à l’année 1847, une autre part (2 hectares 1/2) à l’année 1850, le reste s’échelonnant entre cette dernière date et l’année 1862. On ne peut donc pas asseoir sur des données aussi peu régulières un calcul exact de rendement moyen de l’hectare ; d’autres causes de la diversité des données viennent des inégalités dans le mode de plantation, des accidens survenus dans la production par les erreurs inévitables au début d’une culture peu connue. On pourra voir tous ces détails dans un tableau synoptique où M. Valserres dresse le bilan des cultures en question pour une période de dix-neuf ans. On lira surtout avec intérêt les conclusions que l’auteur tire de ce tableau en en groupant les données en trois périodes : la première, de 1 à 10 ans, donne pour 8 hectares (dont 2 1/2 ne devraient pas compter, puisqu’ils ne sont pas en rapport) un revenu annuel de 41 francs par hectare, plus de trois fois moins que les frais généraux, estimés à 127 francs ; la seconde, de 11 à 15 ans, donne déjà 430 francs par hectare ; la troisième enfin, de 16 à 19 ans, produit 590 francs par hectare, soit, en retranchant 122 francs de frais, un revenu de 468 francs pour une terre qui ne rapportait auparavant que 90 francs au propriétaire.