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plus souvent près des racines d’autres arbres faisant bordure autour des terres cultivées.

Une observation générale me semble se dégager de cette énumération d’essences regardées comme truffières : c’est que toutes ont du tannin en proportion assez forte parmi leurs principes immédiats. Je note le fait sans essayer d’en déduire aucune explication théorique ; mais, dans une question encore obscure, les circonstances futiles en apparence peuvent servir parfois de jalons vers la recherche des vérités inaperçues. Or, sur la relation de la truffe aux chênes, — pour se borner à ces essences, — l’obscurité, le doute tout au moins, entoure comme d’un voile toute interprétation rationnelle des faits empiriquement constatés et pratiquement utilisés. Essayons pourtant d’exposer sans parti-pris les théories divergentes, laissant à l’observation, à l’expérimentation ultérieure, le soin de dénouer ces difficultés, qu’il serait prématuré de vouloir trancher.

Et d’abord la truffe est-elle parasite de l’arbre au pied duquel on la trouve ? Lui demande-t-elle un aliment au moins pendant une période de sa vie ? N’emprunte-t-elle au contraire à ses racines que des excrétions particulières ou même plus simplement un terreau formé par le détritus du chevelu radiculaire ? L’arbre n’agirait-il que par son ombre ou par son action de drainage exercée dans le sol ambiant ? ou bien ne devrait-on voir dans l’association de la cryptogame et de l’essence ligneuse qu’une simple coïncidence amenée par la communauté des besoins et des conditions ?

Si l’on devait entendre par parasitisme la nutrition directe et permanente de la truffe aux dépens de la racine du chêne, trop de faits combattent cette hypothèse pour qu’on puisse sérieusement s’y arrêter. Haller ne hasarde qu’avec doute une pareille conjecture ; c’est pour avoir pris à contre-sens certaines expressions de Pline, tubera nullis fibris nixa aut saltem capillamentis, que M. Robert a cru trouver dans ce texte l’assertion que les truffes tiennent aux racines des plantes ; enfin les prétendus exemples d’une telle connexion laborieusement amassés par M. Bressy, de Pernes[1], attestent plus d’ardeur de recherches que de discernement des faits dans un sujet où les apparences prennent si facilement la place des réalités. Toutefois, entre ce parasitisme complet avec connexion directe, nécessaire et prolongée, et l’indépendance absolue de la cryptogame, il y a bien des degrés de parasitisme temporaire, facultatif, imparfait, où même de demi-parasitisme dont les champignons offrent de fréquens exemples. Tel mycélium de mucorinée

  1. Étude théorique et pratique de la truffe, dans les Annales de la Soc. littér. et artist. d’Apt, année 1871, in-8o.