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inachevés ; l’argent, les hommes, le matériel, manquaient également. Les armées de Virginie et du Kentucky avaient tout absorbé. Pendant l’hiver, à force d’activité, Lowell avait en grande partie remédié à ce dénûment. Une double enceinte suffisamment armée protégeait la ville du côté de la terre, deux poudreries travaillaient jour et nuit ; la garnison comptait, outre la milice, 8,000 hommes de troupes bien organisées ; mais les échecs de leurs armées dans le nord-ouest alarmaient de plus en plus les autorités de Richmond. Dans le mois de mars, Lowell fut obligé d’envoyer 5,000 hommes à Columbus, et peu à peu on lui enleva tous ceux de ses soldats qui étaient enrôlés au service de la confédération : il ne lui resta que 3,000 volontaires levés par le gouverneur de la Louisiane, engagés pour trois mois seulement, mal équipés et sans instruction. On lui demanda aussi des canons et des munitions. Enfin des conflits d’autorité et le manque d’argent retardaient l’achèvement des deux bâtimens sur lesquels il comptait pour défendre le Mississipi contre les flottes fédérales. C’étaient le Louisiana et le Mississipi, l’un et l’autre de 1, 500 tonneaux, fortement blindés, armés d’un éperon, munis d’une puissante machine à vapeur, et portant chacun vingt canons. Le gouvernement de Richmond avait décidé que ces navires et quatorze bateaux de rivière plus ou moins complètement blindés iraient, dès qu’ils seraient achevés, combattre Foote sur le haut Mississipi ; mais le danger que courait la Nouvelle-Orléans était si menaçant que Lowell obtint à force d’instances la permission de les conserver, ainsi que six d’entre les canonnières : les huit autres lui furent enlevées. Cependant, à la fin de mars, la flottille confédérée se trouvait en état d’aider puissamment les forts Jackson et Saint-Philippe, si ceux-ci étaient attaqués par les fédéraux. Elle se composait du Louisiana, qui était enfin terminé, du bélier le Manassas, qui avait déjà causé l’année précédente une si vive alarme aux navires fédéraux et qu’un ordre de Beauregard avait renvoyé à la Nouvelle-Orléans, des six bateaux de rivière le Warrior, le Stonewall- Jackson, le Resolute, le Defiance, le Governor Moor et le Général Quitman, protégés pour la plupart par des plaques de tôle et des ballots de coton et portant chacun un éperon, enfin de cinq autres bâtimens du même genre, équipés par les soins du gouverneur de la Louisiane. Les autorités de Richmond, ne comprenant pas la nécessité d’un commandement unique, s’étaient obstinées à placer cette flottille sous les ordres d’officiers indépendans de l’armée déterre. Le commodore Whipple, résidant à la Nouvelle- Orléans, et sous lui le capitaine Mitchell, avaient le commandement exclusif des navires chargés de défendre les passes. Pendant toute la durée du siège, Mitchell ne voulut pas se concerter avec les défenseurs des forts, refusa d’écouter les avis de Lowell, les