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atteignait le chiffre de 7 milliards 576 millions, et nécessitait une annuité de 245 millions pour les intérêts et l’amortissement ; en juin 1874, le total des dettes portant intérêts dépasse 10 milliards 400 millions, et nécessite 328 millions 1/2 d’intérêts ; la rente extérieure y figure pour plus de 4 milliards de capital, la rente intérieure pour 5, les autres dettes pour 1 milliard ; mais à l’heure qu’il est tous ces chiffres, quand un relevé exact pourra être fait, seront certainement dépassés. Après la dette avec intérêts existait encore dans la dette inscrite celle qui n’en rapporte pas, formée presque exclusivement des rentes perpétuelles constituées en faveur du clergé dépossédé de ses biens, qui s’élevait au chiffre de 346 millions, mais dont le gouvernement républicain avait purement et simplement supprimé le revenu : à son avènement au trône, le roi Alphonse a dû promettre la réparation de cette iniquité. Enfin après les dettes inscrites, viennent les dettes à inscrire, c’est-à-dire les emprunts forcés, tels que les certificats (resguardos) de la caisse des consignations, les dépôts des provinces et des communes, les bons du trésor (bonos), les billets hypothécaires, etc., tous les titres enfin remis en garantie de prêts à la banque d’Espagne, aux sociétés de crédit indigènes et étrangères, aux banquiers, prêteurs habituels du trésor. Le tableau exact de ces engagemens de l’Espagne en 1873 indiquait déjà le chiffre de 8 milliards 1/2 de capital dû. Quant à celui des intérêts correspondans à servir, il était bien plus difficile à établir, et pouvait atteindre alors près de 300 millions. La nomenclature des expédiens à l’aide desquels, avant l’année 1873 comme dans celle qui l’a suivie, le gouvernement s’est procuré les ressources nécessaires aux dépenses les plus urgentes présenterait une telle aridité qu’on doit se borner à en indiquer la portée générale, mais il convient avant tout d’en montrer la cause, qui n’est autre que le déficit permanent du budget et l’extension ininterrompue de la dette flottante.

Dans son exposé de février 1872, M. Camacho, ministre des finances, évaluait celle-ci à 538 millions, y compris les paiemens à effectuer jusqu’à la fin du premier semestre ; c’était là conséquence des déficits antérieurs accumulés, qui en 1868 s’élevaient à 628 millions, et qui devaient à la fin de 1873 atteindre 1,400 millions. On y avait pourvu par l’émission des emprunts de 1868, 1869, 1871 et 1872, jusqu’à concurrence de près de 1 milliard, et le solde du découvert était représenté par des titres formant la dette flottante proprement dite et par les engagemens à terme non payés. Les déficits de 1873 et de 1874 n’ont pas été moindres que ceux des années précédentes ; au contraire, tandis que l’excédant des dépenses n’était que de 180 millions en moyenne avant la révolution